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Libération
Reportage

Présidentielle en Turquie : dans le fief d’Erdogan, la religion pèse plus lourd que l’inflation

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Alors qu’il affronte dimanche 14 mai son scrutin le plus incertain en vingt ans de règne, le président turc cherche à galvaniser sa base. Dans la ville de son enfance, Rize, pourtant pas épargnée par la crise économique, sa popularité reste intacte.
Les drapeaux à l'effigie du président turc sont partout dans Rize, la ville d'origine de Recep Tayyip Erdogan, située en bordure de la mer Noire. (Marie Tihon / Hans Lucas/Libération)
par Killian Cogan, envoyé spécial à Rize (Turquie)
publié le 9 mai 2023 à 7h14

Une chaîne de montagnes surplombe la mer couleur d’argent. En cette radieuse journée de printemps, quelques mosquées blanches tâchent l’horizon verdoyant. Sur le littoral asphalté, un visage orne les barres d’immeubles rutilantes : celui de Recep Tayyip Erdogan. A Rize, ville d’environ 120 000 habitants cernée par la mer Noire et les champs de thé, à l’extrémité nord-est du pays, le président turc est en terrain conquis. Au dernier scrutin présidentiel de 2018, il y a remporté plus de 76% des voix. Située à une centaine de kilomètres de la frontière avec la Géorgie, la cité conservatrice est un fief symbolique du «reis», qui a grandi dans un village des alentours avant de partir pour Istanbul à l’âge de 13 ans.

A quelques jours des élections présidentielle et législatives de dimanche 14 mai, les plus incertaines de l’ère Erdogan, confronté pour la première fois à une opposition unie, la popularité du leader turc paraît ici intacte. «Les ponts, les routes, les barrages ! En vingt ans, cet homme a construit tellement de choses pour le pays. Que Dieu le bénisse», lance avec déférence Mehmet Bulut, un joaillier de 53 ans, dans sa bijouterie du centre-ville. «Et puis, les gens de l’opposition ne sont pas des musulmans honnêtes ! Ils font mine de prier pendant la campagne électorale, mais vont à la pl