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Prix Bayeux : l’horreur de Gaza dans l’objectif des correspondants de guerre

La prestigieuse récompense distingue chaque année les journalistes - en radio, télévision, photographie et presse écrite - qui couvrent les conflits et réussissent à dépeindre, avec humanité, la réalité de la guerre. Les lauréats de la 32e édition ont été annoncés ce samedi 11 octobre.

Une mère pleure son fils, Ziad Mahmoud Ziad Saydam, à la morgue de l'hôpital des Martyrs Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza, le 24 juin 2024. (Saher Alghorra/Zuma Press)
Publié le 11/10/2025 à 19h08

Dans les ruines de Gaza, les tranchées d’Ukraine ou les marges oubliées de l’actualité, les reporters de guerre poursuivent leur mission : documenter l’horreur. Chaque année, le prix Bayeux récompense le travail de ceux qui exercent leur métier dans des conditions périlleuses pour informer le monde. Présidé par Jon Lee Anderson − correspondant de guerre américain −, le jury international du 32e prix Bayeux Calvados Normandie des correspondants de guerre a rendu son verdict ce samedi 11 octobre.

Après avoir remis la liste des lauréats, le jury a déclaré : «C’est sans aucun doute l’une des propositions journalistiques les plus convaincantes que j’aie vues depuis mon arrivée au Prix Bayeux. Nous avons eu des débats animés, toujours stimulants et définitivement enrichissants. […] Je suis convaincu que le public approuvera nos choix.» Et Gaza est au cœur des choix, et des regards − malgré l’interdiction des journalistes internationaux de pénétrer dans l’enclave, et la mort de 254 journalistes palestiniens sur le territoire.

De la morgue de l’hôpital Al-Aqsa aux bombardements de Deir al-Balah

Dans la catégorie photo, le prix Nikon récompense le travail du Palestinien Saher Alghorra pour le portrait d’une mère qui pleure son fils − Ziad Mahmoud Ziad Saydam − à la morgue de l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa, en juin 2024. Le père de l’enfant racontera plus tard : «J’ai essayé, mon fils, de te protéger, mais je n’ai pas réussi. […] Dis à Dieu, mon fils, combien tu as eu peur et comment tu as fui sous les bombardements israéliens.» Le prix du public distingue également cette année le travail d’un autre photojournaliste palestinien. Ali Jadallah est récompensé pour avoir su capturer les bombardements à Deir al-Balah, le 6 juin 2024.

En télévision, le prix région Normandie des lycéens et des apprentis revient à Jomana Karadsheh, Tareq al-Hilou, Mohammed al-Sawalhi, Mick Awalhi, Mick Krever et Mark Baron, pour leur reportage pour CNN, «Ce que quatre heures révèlent sur la vie des enfants à Gaza».

Des reporters en Ukraine, au Soudan ou en Birmanie

Le conflit en Ukraine, qui est entré dans sa quatrième année en février, a aussi monopolisé l’attention des reporters, dont les productions ont été saluées ce samedi. Maurine Mercier, journaliste suisse canadienne, a été distinguée − dans la catégorie radio − pour son reportage dans l’oblast de Donetsk «Pokrovsk : deux fleurs dans les ruines», pour RTS et RTBF. Le prix Arte, France médias monde, France Télévisions a récompensé le reportage de Edward Kaprov, «Donbass, entre la vie et la mort» pour Arte Reportage.

La guerre civile au Soudan, considérée par l’ONU comme la «pire crise humanitaire au monde», est illustrée dans le reportage de Wolfgang Bauer − publié dans l’hebdomadaire allemand Zeit Magazin −, intitulé «Les oubliés» et récompensé par le jury. Le prix Ouest-France de presse écrite a, lui, été attribué au journaliste irlandais Declan Walsh, pour son reportage dans le New York Times, «Le Soudan en feu».

Enfin, le regard porté par Agnès Nabat et Marianne Getti sur l’Ethiopie, avec leur reportage pour Arte Reportage «Tigré : viols, l’arme silencieuse» a été récompensé du prix mémorial de Caen, Julie Dungelhoeff, James Andrés et Sofia Amara ont reçu le prix Amnesty International pour leur reportage France 24 «Les rescapés de l’enfer des geôles de Bachar al-Assad».

Quant au prix Crédit agricole, il a été décerné au jeune reporter français Pierre Terraz, pour son travail sur la Birmanie : «Plongée clandestine dans la guerre civile.»