Menu
Libération
Liberté de la presse

Russie : la détention provisoire du journaliste américain Evan Gershkovich prolongée de deux mois

L‘Américain Evan Gershkovich a vu sa détention provisoire être rallongée jusqu’au 30 mars, a annoncé un tribunal russe ce vendredi 26 janvier. Le reporter du «Wall Street Journal» avait été arrêté en mars 2023 pour «espionnage», une accusation qu’il réfute.
Le journaliste américain Evan Gershkovich à Moscou, ce jeudi 24 août. (Natalia Kolesnikova /AFP)
publié le 24 août 2023 à 16h29
(mis à jour le 26 janvier 2024 à 10h07)

L’espoir d’une libération prochaine d’Evan Gershkovich s’éloigne. Emprisonné en Russie depuis mars 2023 pour «espionnage», le correspondant à Moscou pour le Wall Street Journal a vu, vendredi 26 janvier, sa détention provisoire étendue de deux mois par la justice russe.

«La période de détention d’Evan Gershkovich […] est prolongée de deux mois […], jusqu’au 30 mars 2024», a déclaré dans un communiqué publié sur Telegram le service de presse du tribunal Lefortovski. Aucun journaliste n’a été autorisé à assister à l’audience, qui s’est tenue à huis clos. Le tribunal a diffusé une vidéo montrant le journaliste de 32 ans écoutant la décision lue par une juge, les bras croisés, dans la cage réservée aux détenus.

Depuis la fin de la guerre froide, Evan Gershkovich est le premier reporter étranger détenu en Russie pour «espionnage», un crime passible de vingt ans de prison dans le pays. Le 29 mars, le journaliste avait été arrêté par le FSB (les services de sécurité intérieure), selon lequel «il tentait d’obtenir des informations classifiées», notamment «sur les activités d’une entreprise du complexe militaro-industriel russe». Evan Gershkovich se trouvait alors à Iekaterinbourg, dans l’Oural, où il était en train de boucler une enquête sur la perception qu’ont les Russes des mercenaires de Wagner et de leur patron Evgueni Prigojine, tué dans le crash de son jet privé le 23 août.

Evan Gershkovich bénéficiait pourtant d’une accréditation officielle du ministère de l’Intérieur russe, et avait rencontré plusieurs officiels et élus locaux pendant son reportage, ce qui n’a pas semblé convaincre les autorités russes. «Ce que faisait le collaborateur de la publication américaine Wall Street Journal à Iekaterinbourg n’avait aucun rapport avec le journalisme», avait écrit sur Telegram la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Cinq mois après son arrestation, le reporter est toujours incarcéré à Moscou, dans la prison de Lefortovo, utilisée par le FSB pour maintenir les prisonniers dans un isolement quasi-total.

Depuis, la bataille judiciaire qu’il mène pour obtenir sa libération reste opaque. Aucune justification n’a été apportée par la Russie pour étayer les accusations. L’ensemble de la procédure est classé secrète. Les audiences se déroulent à huis clos, et la prolongation de sa détention provisoire ne fait qu’éloigner un procès pour lequel aucune date n’a été avancée. Joe Biden, qui exhorte la Russie de rendre sa liberté à Evan Gershkovich, s’est dit «sérieux» à propos d’un échange de prisonnier contre la libération du journaliste. Des responsables américains ont également affirmé que des discussions étaient en cours avec Moscou pour obtenir la libération de Gershkovich et de son compatriote Paul Whelan, également soupçonné d’espionner pour les Etats Unis.

Mise à jour : vendredi 26 janvier, à 10h06, avec la prolongation de la détention provisoire de Gershkovich.