Elle risque jusqu’à cinq ans de prison. La journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, arrêtée le 18 octobre en Russie, a été formellement inculpée ce jeudi 26 octobre, a annoncé son employeur, Radio Free Europe-Radio Liberty (RFE /RL), dans un communiqué publié sur son site.
Selon le média américain, «c’est la première fois qu’un journaliste fait l’objet d’une procédure pénale» pour manquements liés à l’inscription au registre des «agents de l’étranger». Imposée en Russie depuis 2012, cette règle stigmatise les ONG et médias indépendants en tant qu’ennemis intérieurs, et limite leur champ d’action, notamment via des contraintes administratives et un contrôle financier très lourd. Selon le site internet Tatar Inform, Alsu Kurmasheva avait été condamnée à une amende le 11 octobre pour ne pas avoir déclaré sa citoyenneté américaine aux autorités russes. Citant des sources policières anonymes, le site affirme que la journaliste travaillait notamment sur la mobilisation d’enseignants par l’armée. Pour la justice russe, elle était engagée dans «la collecte intentionnelle d’informations concernant des activités militaires» pouvant être dommageables pour «la sécurité de la Russie».
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Résidant d’ordinaire à Prague, en République tchèque, avec son mari et ses deux filles adolescentes, Alsu Kurmasheva s’était rendue en Russie pour une «urgence familiale» le 20 mai. Le 2 juin, ses passeports américain et russe lui ont été confisqués, l’empêchant de repartir.
Les journalistes dans le collimateur du Kremlin
Alsu Kurmasheva connaît un sort similaire à celui d’Evan Gershkovich, un reporter du Wall Street Journal détenu à Moscou depuis son interpellation le 29 mars, en plein reportage – la première affaire de ce genre depuis le temps de l’URSS. Son confrère, qui a aussi travaillé pour l’AFP en Russie par le passé, est accusé d’espionnage, un crime passible de 20 ans de prison qu’il conteste, tout comme son journal et les autorités américaines.
Depuis le début de son assaut contre l’Ukraine, en février 2022, la Russie mène une vaste campagne de répression à l’encontre des médias indépendants, ONG, avocats et opposants. Après l’arrestation d’Alsu Kurmasheva, le Kremlin a démenti toute «persécution» de journalistes américains. Radio Free Europe-Radio Liberty a appelé dans son communiqué à la «libération immédiate» de la journaliste.
Mis à jour jeudi 26 octobre à 18h10 avec l’inculpation formelle d’Alsu Kurmasheva.