Il est des avocats et des avocates dont le nom reste éternellement associé à des avancées de la société. C’est le cas de l’Américaine Sarah Weddington, qui s’est éteinte ce lundi à l’âge de 76 ans. Il y a près de cinquante ans, celle qui était alors une jeune avocate et qui plaidait alors le premier cas de sa carrière avait été à l’origine de l’une des affaires les plus emblématiques du droit américain, communément appelée Roe v. Wade. Celle-ci constitue aujourd’hui le fondement du droit à l’avortement aux Etats-Unis.
En 1973, Sarah Weddington intente avec Linda Coffee, une autre avocate, un recours collectif au nom d’une femme enceinte contestant une loi de l’État du Texas qui interdisait les avortements. L’affaire «Jane Roe» - de son vrai nom Norma McCorvey -, portée contre le procureur du comté de Dallas, Henry Wade, arrive finalement devant la Cour suprême qui se prononce en faveur du droit à l’avortement.
Dans son arrêt, la Cour suprême estime que la Constitution garantit le droit des femmes à avorter et que les Etats ne peuvent pas les en priver. En 1992, elle précise que ce droit est valable tant que le fœtus n’est pas «viable», soit vers 22 à 24 semaines de grossesse.
Le droit à l’avortement aux Etats-Unis n’est pas garanti par une loi fédérale. Il repose donc sur la jurisprudence Roe v. Wade, obtenue par Sarah Weddington. Ce cadre juridique apparaît aujourd’hui menacé par la Cour suprême, qui compte désormais plusieurs juges anti-avortement nommés par l’ancien président Donald Trump. Début décembre, la plus haute juridiction du pays a refusé de suspendre une loi très restrictive sur l’IVG votée par l’Etat du Texas, mais a autorisé les tribunaux fédéraux à intervenir contre le texte. L’arrêt Roe v. Wade «ressemble à une maison qui se trouverait au bord d’une plage et qui menacerait de prendre l’eau et de s’effondrer», avait prévenu Sarah Weddington, dès 1998.