Ejectés de leurs lits à 4 h 17 lundi par une effrayante secousse, des millions d’habitants du sud de la Turquie et du Nord syrien se sentent «miraculés». Leurs récits se ressemblent et racontent à la fois la terreur, l’instinct de survie et la dévastation. Dans la bouche de ceux qui ont survécu, heureusement bien plus nombreux que les victimes, dont le bilan, forcément très provisoire, s’élevait lundi soir à plus de 3 000 morts, les mêmes mots reviennent. Les meubles qui «bougent», qui «dansent» même. Le «fracas», les «bris de vaisselle» et les «hurlements d’épouvante poussés par les adultes comme par les enfants». Puis les «bousculades dans les escaliers» encore debout, la fuite «en pyjama dans les rues glaciales». Et pour certains, l’immeuble qui «s’effondre sous nos yeux» quelques instants plus tard.
«La mort m’a réveillé d’un sommeil profond sans m’emmener avec elle», résume poétiquement Louai Abou Joud, 32 ans, depuis Gaziantep, dans le sud de la Turquie. «J’ai senti ma chambre m’emporter vers la droite puis revenir. J’ai pris ma fille de six mois dans les bras en la serrant fort, dix secondes, pour la sentir bien en vie. L’immeuble bougeait et les hurlements des voisins étaient terrifiants. Si bien que j’ai crié