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Libération
Critique

Série «Kaboul» : un suspense qui tourne à vide

Les six épisodes de la série, diffusée à partir de ce lundi 31 mars sur France Télévision, se concentrent sur les quinze jours d’août 2021, lorsque les talibans ont repris le pouvoir. Sans ne serait-ce qu’effleurer les causes de leur retour.
La prise de Kaboul par les talibans, le 15 août 2021, passionne les scénaristes et réalisateurs. (France Télévisions)
publié le 31 mars 2025 à 17h19

Après les documentaires, un livre et bientôt un film, la série télévisée, elle-même adaptée en livre. De toute évidence, les deux semaines qui ont suivi la prise de Kaboul par les talibans le 15 août 2021, jusqu’à la fermeture de l’aéroport de la capitale afghane assiégé par des milliers d’Afghans paniqués, passionnent scénaristes et réalisateurs. Olivier Demangel et Thomas Finkielkraut, créateurs de la série Kaboul dont la diffusion commence ce lundi 31 mars sur France Télévision, se concentrent exclusivement sur ces quinze jours.

Avantage : cela induit un rythme rapide, haletant parfois et un indéniable suspense. Inconvénient : aucune clé de compréhension n’est livrée, comme si ces quinze jours se suffisaient à eux-mêmes, comme s’ils tombaient du ciel, ou, en l’occurrence, de ce qui ressemble plus à un enfer. A savoir, comment l’Afghanistan en est-il arrivé là après 20 ans d’intervention de l’armée américaine et de l’OTAN et des milliards de dollars d’aide déversés ? Pourquoi l’armée afghane n’a-t-elle pas tenu face aux avancées talibanes ? Comment l’accord signé entre les Etats-Unis et les talibans à Doha en février 2020 a-t-il pu aboutir à un tel chaos, en dépit des assurances talibanes ? En six épisodes de 52 minutes, ces questions, pas plus que leurs réponses, ne sont esquissées.

Il y aurait pourtant eu matière, y compris avec plusieurs des personnages de la série. Comme cette procureure afghane (interprétée par Darina al-Joundi), qui n’aurait jamais pu avoir un tel poste sans le renversement du premier régime taliban, entre 1996 et 2001, et qui était en première ligne pour observer la corruption phénoménale des gouvernements qui ont suivi. Ou son fils (Shervin Alenabi), soldat dans l’armée afghane, qui aurait pu éclairer son délitement qui avait débuté des années avant le retour des talibans à Kaboul.

Les étrangers en sont eux aussi réduits à subir les événements. Le chef de la sécurité de l’ambassade française (Jonathan Zaccaï) se démène pour protéger et exfiltrer les Afghans qui se pressent devant les portes blindées du bâtiment, forcé de négocier avec un taliban qui veut s’exiler avec sa famille. Une histoire véridique. Le parcours d’une agente des services de renseignement allemand (Jeanne Goursaud) est, lui, invraisemblable. Victime d’une attaque des talibans des années auparavant, dont elle ne s’est jamais remise, elle convainc son chef à Berlin de repartir à Kaboul pour récupérer un général afghan qui l’avait sauvée.

Le personnage du jeune consul italien (Gianmarco Saurino), propulsé à ce poste parce que personne ne l’occupait, est plus intéressant. Sans quitter l’aéroport, il donne à voir à quel point l’armée américaine, même à quelques jours de son retrait, restait toute puissante, y compris face aux diplomates occidentaux. Un constat sans conteste juste, mais qui, faute d’être expliqué, disparaît dans le chaos de l’aéroport de Kaboul.