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Témoignages

«Soulagés, mais complètement traumatisés» : de Gaza à Ivry-sur-Seine, itinéraire d’une famille palestinienne arrivée en France

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Pénuries, conditions sanitaires désastreuses, exil… Début janvier, après plusieurs semaines de survie dans l’enclave bombardée, Reem Abu Shamla, ses huit fils et sa petite-fille ont enfin été réunis en région parisienne. Son mari, employé du Centre culturel français de Gaza, a été tué par un missile.
La famille palestinienne Abu Shamla à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) lundi. De gauche à droite : Majed, Abdel-Rahman, la mère Reem, sa petite-fille, Salma, Mohamad, Mustafa, Akram et Youssef. (Sara Kontar/Libération)
publié le 12 février 2024 à 21h10

Dans cet appartement d’Ivry-sur-Seine mis à disposition par la mairie, les huit frères sont enfin réunis avec leur mère et leur petite-nièce. Seul manque le père de famille, Ahmed Abu Shamla, tué fin décembre à Gaza dans un bombardement israélien. Il travaillait depuis plus de vingt ans au Centre culturel français de Gaza et attendait d’être évacué par la France comme le reste de ses enfants. Il avait refusé de partir dans un premier temps avec sa femme et ses deux plus jeunes fils, préférant attendre avec ses quatre fils majeurs la prochaine évacuation, prévue quelques jours après. Mais les choses ont traîné pour des raisons toujours inexpliquées.

Quand Reem, la mère, entre dans le petit salon, tous les garçons qui parlaient en même temps, dans un désordre total, se taisent. Vêtue et voilée du noir du deuil, la mamma palestinienne d’à peine 50 ans parle clair et ferme. Elle commence par présenter ses neuf enfants dans l’ordre. «Iman, ma première et seule fille, est décédée il y a deux ans d’un cancer, nous laissant cette petite Salma, 2 ans et demi. Suivent les huit garçons par ordre de naissance : Mahmoud, 30 ans, Mohamad, 28 ans, Bassel, 27 ans, Majed 25 ans, Mustafa, 23 ans, Youssef, 21 ans, Akram, 19 ans et Abdel-Rahman, 17 ans.» Deux d’entre eux n’étaient pas à