Changement de ton dans les échanges entre Washington et Moscou. Après des mois de rapprochement couronnés par une visite d’Etat de Vladimir Poutine en Alaska cet été, l’apaisement semble au point mort. La dynamique a été confirmée par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon qui la convergence entre les deux pays, initiée par Donald Trump, donne «des résultats proches de zéro». «Dans nos relations [russo-américaines], une piste vise à éliminer les facteurs d’irritation […]. Mais cette piste avance lentement», a-t-il ajouté.
Cette annonce intervient au lendemain de la soudaine volte-face du président américain et de ses dernières prises de position sur la guerre en Ukraine. Mardi, à la suite de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, Donald Trump déclarait que Kyiv pourrait récupérer l’intégralité du territoire conquis par la Russie depuis le début de la guerre en 2022, «et peut-être même aller plus loin». Sans qu’il ait évoqué le rôle précis que les Etats-Unis joueraient dans la suite du conflit, Volodymyr Zelensky a salué un «grand tournant» dans le discours de Washington.
Analyse
Sur sa plateforme Truth Social, Trump est allé plus loin : «Cela fait trois ans et demi que la Russie mène sans direction claire une guerre qu’une vraie puissance militaire aurait remportée en moins d’une semaine», comparant le pays à un «tigre de papier». Une provocation à laquelle a réagi le porte-parole du Kremlin : la Russie «est davantage associée à un ours». Or, «les ours de papier n’existent pas».
Devant l’ONU mardi, Trump était allé jusqu’à émettre l’idée que les pays de l’Otan abattent les appareils russes violant leur espace aérien, après trois incursions de drones ou d’avions de combat sur le territoire de l’Alliance en moins de deux semaines. Une autre déclaration inopinée du président américain contre la Russie, qualifiée d’«hystérie» et d’accusation «infondée» par Dmitri Petrov. Mardi, l’Otan avait tenu à avertir Moscou que l’ escalade» devait cesser et assuré qu’elle était prête à se défendre, par tous les moyens.
Poursuite de l’opération militaire russe en Ukraine
Le changement de position inattendu du président américain, qui semble désormais se placer au côté de l’Ukraine après avoir régulièrement encouragé Kyiv à la négociation, ne bouscule pas pour autant la position russe : «Nous agissons ainsi pour le présent et l’avenir de notre pays, pour les nombreuses générations à venir. Nous n’avons donc pas d’autre alternative», a déclaré le porte-parole du Kremlin. Il a assuré que la Russie poursuivrait son opération militaire tant que «les objectifs que le Président […] a établis dès le début» ne seront pas atteints.
Diplomatie
Dmitri Peskov a tenu à rappeler que contrairement aux affirmations de Trump, la Russie reste «stable» malgré «des tensions et des problèmes dans différents secteurs de l’économie». Tout en assurant que l’avancée progressive des troupes armées en Ukraine, pointée du doigt par le président américain comme un signe de faiblesse, faisait partie d’une stratégie mûrement réfléchie. «Nous avançons très prudemment pour minimiser les pertes et ne pas détruire notre force offensive», a-t-il précisé.
La Russie, qui occupe actuellement environ 20 % de l’Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l’Otan. De son côté, Kyiv refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales pour se protéger, idée que la Russie juge inacceptable. Pour l’heure, les tentatives pour trouver une issue diplomatique au conflit ont échoué, tant les positions de Moscou et de son voisin sur la fin de la guerre, les modalités d’un cessez-le-feu ou d’une rencontre entre leurs deux dirigeants sont diamétralement opposées.
Mise à jour à 15 h 18 à 14 h 50 avec la réaction de la Russie à la déclaration de Trump selon laquelle l’Otan devrait abattre les appareils russes survolant les territoires de l’Alliance.