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Syrie : trois femmes et dix enfants rapatriés en France, une première depuis deux ans

Les femmes et enfants se trouvaient dans des camps jihadistes dans le nord-est de la Syrie. Ils sont arrivés sur le sol français ce mardi 16 septembre au matin. La France avait arrêté ces opérations de rapatriement en 2023, malgré les condamnations internationales.

Au camp Roj, le 8 octobre 2023, dans la province syrienne de Hasakah (nord-est). (Delil souleiman/AFP)
Publié le 16/09/2025 à 11h25

Pour la première fois depuis l’été 2023, la France reprend les opérations de rapatriement depuis la Syrie. Trois femmes, âgées de 18 à 34 ans, ainsi que dix enfants ont été rapatriés ce mardi 16 septembre dans l’Hexagone depuis des camps du nord-est de la Syrie où sont faits prisonniers des proches de jihadistes français.

«Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d’assistance éducative sous la responsabilité du parquet près le tribunal judiciaire de Versailles», a annoncé le Parquet national antiterroriste (PNAT) dans un communiqué. Il «assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux», a-t-il précisé. Parmi les femmes majeures, «deux ont été placées en garde à vue, a ajouté le PNAT. Une autre femme, faisant l’objet d’un mandat d’arrêt, sera présentée à un juge d’instruction dans la journée» en vue d’une possible mise en examen.

«Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c’est un immense et indescriptible soulagement», a déclaré l’avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l’AFP. Mais «la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj», l’un des camps contrôlés comme d’autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Entre 2019 et 2023, La France a déjà procédé au rapatriement de 169 enfants et 57 femmes adultes depuis la Syrie. Ces opérations ont cessé à l’été 2023 malgré les condamnations internationales, dont celle de la Cour européenne des droits de l’homme en 2022.

En juin, deux ans après l’arrêt de ces opérations, environ 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises étaient encore retenus dans les camps syriens, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Dix ans après la vague d’attentats jihadistes sur le sol français, ces retours restent une question sensible. Depuis, les représentants français refuse de se rendre sur place au motif de la dangerosité des opérations. «La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l’administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération», a déclaré le porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l’ONG Avocats sans frontières France, «ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d’organiser ces opérations». Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours «illégalement détenus».

En février, l’administration kurde a annoncé en coordination avec l’ONU son intention de vider d’ici 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.