Il parle encore de son expérience avec émotion et tourment. «Le système des prisons en Chine est très opaque, injuste. Il vise à briser les humains. Le prisonnier est laissé sans aucun espoir», raconte Peter Humphrey, contacté par visioconférence. Aujourd’hui âgé de 69 ans, ce Britannique a passé vingt-trois mois dans les prisons chinoises de Shanghai entre 2013 et 2015. Avant son incarcération, il dirigeait avec sa femme ChinaWhys, une société de conseil en gestion des risques pour multinationales opérant en Chine.
Ils ont été arrêtés et accusés d’«acquisition illégale d’informations» et condamnés respectivement à trente et vingt-quatre mois de prison. «Il s’agit de fausses accusations que j’ai toujours niées. Tout comme j’ai refusé de me confesser par écrit pour obtenir des soins [il était atteint d’un cancer de la prostate, ndlr] et des remises de peine. Ils m’ont forcé à avouer, j’ai toujours refusé.» Le couple a finalement été libéré et expulsé en juin 2015.
«La diplomatie des otages»
Depuis, Peter Humphrey s’est spécialisé dans le soutien aux prisonniers étrangers en Chine, en conseillant leurs proches, en collectant informations et témoignages et en collaborant avec la société civile. Avec toutes les données rassemblées ces dernières années, il estime que depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, le nombre total de prisonniers en Chine a doublé, passant de 5 à 10 millions, et que le nombre d’étrangers détenus a également doublé, d’environ 5 000 à 10 000. Un chiffre d