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Répression

Torture, détenus disparus, fausses accusations : l’arbitraire et l’injustice dans le secret des prisons chinoises

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Même si le système pénitentiaire reste opaque, anciens détenus et ONG de défense des droits de l’homme témoignent d’une «situation générale de violence» et d’une organisation aux ramifications étendues pour contrôler les étrangers et toute forme d’opposition et de déloyauté.

HONG KONG, CHINA - JANUARY 19: Shek Pik Prison is seen in the early morning after activist Edward Leung is released from HK jail on January 19, 2022 in Hong Kong, China. (Photo by Billy H.C. Kwok/Getty Images) (Billy H.C. Kwok/Getty Images)
Par
Augustin Seurel
Publié le 15/09/2025 à 14h32

Il parle encore de son expérience avec émotion et tourment. «Le système des prisons en Chine est très opaque, injuste. Il vise à briser les humains. Le prisonnier est laissé sans aucun espoir», raconte Peter Humphrey, contacté par visioconférence. Aujourd’hui âgé de 69 ans, ce Britannique a passé vingt-trois mois dans les prisons chinoises de Shanghai entre 2013 et 2015. Avant son incarcération, il dirigeait avec sa femme ChinaWhys, une société de conseil en gestion des risques pour multinationales opérant en Chine.

Ils ont été arrêtés et accusés d’«acquisition illégale d’informations» et condamnés respectivement à trente et vingt-quatre mois de prison. «Il s’agit de fausses accusations que j’ai toujours niées. Tout comme j’ai refusé de me confesser par écrit pour obtenir des soins [il était atteint d’un cancer de la prostate, ndlr] et des remises de peine. Ils m’ont forcé à avouer, j’ai toujours refusé.» Le couple a finalement été libéré et expulsé en juin 2015.

«La diplomatie des otages»

Depuis, Peter Humphrey s’est spécialisé dans le soutien aux prisonniers étrangers en Chine, en conseillant leurs proches, en collectant informations et témoignages et en collaborant avec la société civile. Avec toutes les données rassemblées ces dernières années, il estime que depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, le nombre total de prisonniers en Chine a doublé, passant de 5 à 10 millions, et que le nombre d’étrangers détenus a également doublé, d’environ 5 000 à 10 000. Un chiffre d