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Pourparlers

Trêve à Gaza : les discussions sont au «stade final» selon le Qatar

Guerre au Proche-Orientdossier
Les chefs des agences de renseignement israéliennes, les médiateurs américains et le Premier ministre du Qatar rencontrent à Doha ce mardi 14 janvier les médiateurs et le mouvement islamiste palestinien Hamas, pour «finaliser les derniers détails de l’accord».
Des destructions à Gaza sous les frappes israéliennes, lundi 13 janvier 2025. (Menahem Kahana/AFP)
publié le 14 janvier 2025 à 9h32
(mis à jour le 14 janvier 2025 à 22h00)

Un «dernier cycle» avant la trêve ? D’ultimes pourparlers en vue d’une trêve entre Israël et le Hamas à Gaza ont débuté ce mardi 14 janvier au Qatar pour mettre fin à plus de 15 mois de guerre dans le territoire palestinien, selon une source proche des négociations. «Une dernière série de discussions» devait se tenir entre les chefs des agences de renseignement israéliennes, les médiateurs américains et le Premier ministre du Qatar d’un côté, et les médiateurs et le Hamas de l’autre, a déclaré cette source sous couvert d’anonymat, en vue de «finaliser les derniers détails de l’accord». Ce mardi, le Qatar a d’ailleurs dit espérer un accord «très bientôt», assurant que les discussions en étaient au «stade final». Le pays médiateur a précisé que les «principaux problèmes» bloquant un accord ont été réglés, tandis que le mouvement islamiste a confié son espoir d’aboutir à «un accord clair et global».

Le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte tentent depuis des mois de parvenir à un accord pour faire cesser les hostilités et obtenir la libération des 94 otages retenus dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts selon l’armée israélienne. Les négociations indirectes ont repris début janvier dans la capitale qatarie. L’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a rencontré lundi des émissaires de Joe Biden et de Donald Trump, ainsi qu’une délégation du Hamas, alors que Joe Biden s’était entretenu dimanche avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, puis lundi avec Cheikh Tamim.

Un accord «à portée de main»

Lundi, une source proche des négociations avait fait état de «progrès significatifs» réalisés «sur les derniers points d’achoppement» entre Israël et Hamas, permettant d’aboutir à une nouvelle proposition «concrète» soumise aux parties. Cette proposition, qui prévoit dans un premier temps la libération de plus d’une trentaine d’otages israéliens en échange de centaines de prisonniers palestiniens, a été «positivement» accueillie par les deux parties, avait assuré cette source. Ce même jour, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, avait également assuré que «les négociations progress [ai] ent» pour obtenir un accord qui mettrait fin à la guerre dans la bande de Gaza. Le membre du gouvernement Nétanyahou a également martelé que l’Etat hébreu travaillait «dur» en ce sens. «Israël souhaite réellement libérer les otages» retenus depuis octobre 2023 dans l’enclave palestinienne, a-t-il poursuivi.

Deux sources palestiniennes proches des négociations menées par le Hamas en vue d’une trêve dans la bande de Gaza ont déclaré à l’AFP qu’environ 1 000 prisonniers palestiniens seraient libérés au cours de la première phase d’un accord de cessez-le-feu, en échange de 33 otages. «Israël va libérer environ 1 000 prisonniers palestiniens, dont plusieurs condamnés à de lourdes peines», a affirmé l’une des deux sources.

Les voyants sont pareillement au vert côté américain : un accord est «sur le point d’être conclu», affirmait ainsi lundi soir Joe Biden dans son discours de politique étrangère. «Nous sommes proches d’un accord et nous pouvons y parvenir cette semaine», avait déclaré auparavant Jake Sullivan, son conseiller à la Sécurité nationale. «Je ne fais pas de promesse ou de prédiction, mais c’est à portée de main.» Ce n’est pas la première fois que l’administration Biden assure qu’un accord est proche, mais ces déclarations sont les plus optimistes entendues récemment dans la bouche de responsables américains.

Les frappes se poursuivent sur la Cisjordanie occupée et Gaza

Autant de bons signaux que vient relativiser l’approche du retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis le 20 janvier. Le président élu a récemment promis «l’enfer» à la région si les otages n’étaient pas libérés avant son retour au pouvoir. Des blocages persistent également côté israélien. Voyant les contours d’un accord se dessiner, Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale d’Israël, a annoncé ce mardi dans un communiqué qu’il quitterait le gouvernement en cas de cessez-le-feu à Gaza. Selon le responsable d’extrême droite, cet accord «terrible» mènera à «la libération de centaines de terroristes meurtriers, le retour des Gazaouis, dont des milliers de terroristes, au nord de la bande de Gaza, le retrait de Tsahal du corridor de Netzarim, le rétablissement de la menace sur les habitants des alentours de Gaza […] et laisse à leur mort les autres personnes enlevées qui ne sont pas incluses dans l’accord». Seul, son parti n’a pas assez de «pouvoir» pour faire pression sur la coalition, a-t-il ajouté, invitant son «ami, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, à se joindre à lui […]. Au cours de l’année écoulée, grâce à notre pouvoir politique, nous avons réussi à empêcher à maintes reprises que cet accord soit conclu», revendique-t-il.

Lundi, le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, s’était également opposé à tout accord qui mettrait fin à la guerre. Ces prises de position mettent en exergue les profondes divisions au sein de la coalition au pouvoir en Israël. Cependant, Benyamin Netanyahou, favorable à la trêve, pourrait néanmoins réunir suffisamment de soutiens pour faire approuver l’accord par son cabinet, même sans leur appui. Selon les commentateurs israéliens, le président de l’état hébreu serait en mesure d’ignorer les pressions de ses ministres d’extrême droite en étant assuré d’obtenir la majorité des voix des 34 membres du cabinet favorables à un accord, même si ces deux ministres votaient contre.

Parallèlement, l’Autorité palestinienne a annoncé la mort de cinq personnes ce mardi soir dans un bombardement israélien sur le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, l’armée israélienne indiquant avoir mené une attaque aérienne dans ce secteur. Une série de frappes de Tsahal a également fait plus de 50 morts lundi dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire palestinien. Selon le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ces frappes ont visé la plus grande ville du territoire tout au long de la journée, touchant «des écoles, des maisons et même des rassemblements». Depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sanglante du Hamas contre Israël, une seule trêve d’une semaine a été observée fin novembre 2023 et les négociations indirectes menées depuis se sont heurtées à l’intransigeance des deux camps.

Mis à jour à 10 h 45 avec les déclarations de Joe Biden lundi et Ben Gvir ce mardi, à 12 h 15 avec les déclarations du Qatar, à 13 h 06 avec la réaction du Hamas, puis à 15 h 30 avec les déclarations de Bezalel Smotrich ; à 22 heures avec le bombardement israélien sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée.