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Entente

Trump au cœur d’un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Les deux pays se sont engagés vendredi à Washington à «cesser définitivement», selon Donald Trump, le conflit territorial qui les oppose depuis des décennies.
U.S. President Donald Trump speaks at a Purple Heart Day event to honor members of the military wounded or killed in action, in the East Room of the White House in Washington, D.C., U.S., August 7, 2025. (Jonathan Ernst/Reuters)
publié le 9 août 2025 à 8h06

Réunis à Washington, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont signé, ce vendredi 8 août, un accord de paix, à l’initiative de Donald Trump. Sous l’égide des Etats-Unis, les deux anciennes républiques soviétiques mettent ainsi fin à un conflit territorial qui dure depuis des dizaines d’années. «Beaucoup de dirigeants ont tenté de mettre fin à la guerre, sans succès, jusqu’à maintenant, grâce à Trump», s’est vanté le président américain, avant la signature, sur son réseau Truth Social.

Une fois encore, Donald Trump s’autoproclame grand partisan de la paix dans le monde, qualifiant cet accord de «sommet historique». La signature a eu lieu en présence du président azerbaïdjanais Ilham Aliev et du Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Tous deux ont d’abord signé un accord bilatéral avec les Etats-Unis, avant de parapher avec le président Trump l’accord de paix.

Selon la chaîne américaine CBS, l’Arménie va octroyer aux Etats-Unis, dans le cadre de cet accord, le droit de développer un corridor de 43 kilomètres, baptisé la «Voie Trump pour la paix et la prospérité internationale» (Tripp, selon l’acronyme anglais).

Interrogé par l’AFP sur ce que l’Arménie tirait de cet accord, un haut responsable américain a jugé qu’Erevan gagnait «le partenaire le plus énorme et le plus crucial du monde, les Etats-Unis». Mais la création d’un corridor à travers le territoire arménien, qui pourrait ainsi relier l’exclave azerbaïdjanaise au reste de l’Azerbaïdjan, a toujours été considérée comme rédhibitoire pour Erevan. Si l’Arménie devait accepter une telle proposition dans le cadre de cet accord de paix, il s’agirait d’un revirement total de position de la part des autorités arméniennes.

Revendications territoriales

Le président azerbaïdjanais a rencontré, le jeudi 7 août, l’envoyé spécial du président américain, Steve Witkoff, à Washington. Un accord a été signé entre deux compagnies de gaz et de pétrole : la State Oil Company of Azerbaijan Republic (Socar) et ExxonMobil. Laissant sous-entendre un partenariat économique de long terme. «Les parties ont échangé leurs points de vue sur les perspectives de coopération stratégique entre la République d’Azerbaïdjan et les Etats-Unis», indique le communiqué officiel du président Ilham Aliev.

Le Haut-Karabakh, reconnu internationalement comme partie intégrante de l’Azerbaïdjan, a été contrôlé pendant trois décennies par des séparatistes arméniens, après une guerre déclenchée lors de la dislocation de l’URSS. Ce conflit avait entraîné l’exode de la quasi-totalité des Azéris vivant dans la région. A l’automne 2020, alors que Français et Russes appelaient à un cessez-le-feu après une nouvelle offensive de Bakou, l’administration Trump était restée silencieuse. En septembre 2023, l’offensive victorieuse des forces azerbaïdjanaises provoquait la fuite de plus de 100 000 Arméniens du Karabakh vers l’Arménie.

Réunion tripartite

Bakou et Erevan se sont accordés en mars dernier sur le texte d’un traité de paix. Mais Bakou, en position de force, exige désormais que l’Arménie modifie d’abord sa Constitution afin de renoncer officiellement à toute revendication territoriale sur le Karabakh.

La dernière rencontre entre Ilham Aliev et Nikol Pachinian, le 10 juillet dernier à Abou Dhabi, n’avait pas été concluante. Or, après l’annonce de cet accord à Washington, Erevan a confirmé la visite de son Premier ministre pour «renforcer le partenariat stratégique entre l’Arménie et les Etats-Unis». Ajoutant que cette réunion tripartite s’est tenue «afin de contribuer à la paix, l’épanouissement et la coopération économique dans la région». Le Premier ministre, Nikol Pachinian, s’est déclaré prêt à s’y conformer dans l’intérêt d’une paix durable, annonçant son intention d’organiser un référendum constitutionnel en 2027. Mais le traumatisme de la perte du Karabakh, appelé «Artsakh» en arménien, continue de diviser son pays.

Face à ce nouvel accord et obsédé par sa quête de paix mondiale, Donald Trump espère un prix Nobel, à en croire les déclarations de sa porte-parole Karoline Leavitt, fin juillet. Son nom est déjà proposé par des dirigeants cambodgiens, pakistanais et israéliens.