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Un rapport évalue au doigt mouillé la valeur de l’eau

A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, les Nations Unies ont publié ce lundi un rapport sur la valeur difficilement estimable de cet «or bleu» tant son utilité est multiple.
A drop of water falls from a melting piece of ice on Argentina's Perito Moreno glacier near the city of El Calafate, in the Patagonian province of Santa Cruz, December 16, 2009. Scientists warn that glaciers in the Andes are melting because of the effects of climate change. According to studies, these accumulations of ice are thawing at a pace so fast that they could disappear in 25 years. (Marcos Brindicci/REUTERS)
publié le 22 mars 2021 à 20h49

Quelle est la valeur de la ressource hydrique ? L’ONU tente de répondre à cette question épineuse dans son traditionnel rapport sur la mise en valeur des ressources en eau publié ce lundi. Sur l’ensemble de la Terre, 97 % des ressources disponibles en eau proviennent des mers et des océans. Cette eau est donc salée et non potable. Seule une dizaine de pays ont les moyens de dessaler l’eau de mer.

Les principaux Etats ayant recours à cette technique sont l’Arabie saoudite, les Etats-Unis, les Émirats arabes unis, l’Espagne et le Koweït. Pour l’ONU, cette méthode constitue un danger croissant pour l’environnement. Le processus de dessalement est jugé très énergivore, bien qu’il soit de plus en plus souvent alimenté par des énergies renouvelables ou de récupération. L’organisation internationale s’inquiète aussi du rejet de saumure dans l’environnement, à savoir de l’eau chaude très concentrée en sel et autres minéraux.

De leur côté, les réserves d’eau douce, qui ne représentent que 3 % du total, sont contenues dans les nappes phréatiques, les rivières et les lacs. Les quantités prélevées sont supérieures à la capacité de renouvellement de la ressource. D’après le rapport, 1 personne sur 3 n’a pas accès à de l‘eau douce. D’ici 2025, la moitié de la population mondiale vivra dans des zones où l’eau est rare.

Deux établissements de santé sur cinq ne disposent pas d’installations pour se laver les mains

Des études ont essayé de calculer la valeur de l’eau en prenant en compte son «prix» et son «coût» dans certains secteurs économiques. Le secteur agricole utilise 69 % des prélèvements en eau alors qu’il ne représente que 4 % du PIB mondial. La production d’énergie en prélève près de 10 %. Ces secteurs qui emploient beaucoup d’eau risquent d’être ébranlés par le manque d’eau salubre. Selon l’ONU, ces analyses se limitent au champ économique et négligent des aspects essentiels pour estimer la valeur de l’eau sur Terre. L’ONU souhaite en outre que la valeur socioculturelle de l’eau soit prise en compte.

«Ne pas attribuer assez de valeur à l’eau dans tous ses emplois constitue une cause majeure, voire un symptôme, de la négligence politique vis-à-vis de l’eau et de la mauvaise gestion de celle-ci», affirme le rapport. C’est la raison pour laquelle près de 230 millions de personnes passent plus d’une demi-heure par jour à aller s’approvisionner aux puits ou à la borne de leur quartier. Ce sont essentiellement des femmes et leurs filles, selon l’Unicef. Elles y consacrent 200 millions d’heures par jour. Sans oublier que 300 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de diarrhées à cause du manque d’eau potable et d’installations d’assainissement.

A l’heure de la pandémie de Covid-19, plus de 3 milliards de personnes ne disposent pas d’équipement leur permettant de se laver les mains, et deux établissements de soins sur cinq en sont dépourvus. L’absence d’hygiène au moment de l’accouchement est à l’origine d’infections qui tuent plus de 1 million de nouveau-nés et sont responsables de 11 % des décès maternels par an. Avec ce rapport, l’ONU tente plus d’interpeller les politiques et la société civile que d’apporter des réponses à une problématique complexe et protéiforme.