Menu
Libération
Edito

Vaccins anti-Covid : seule la solidarité peut nous sortir de la crise

C’est le serpent qui se mord la queue : les pays riches préfèrent garder les vaccins pour leur population, et surtout la juteuse propriété des brevets, du coup les pays pauvres ne peuvent pas se faire vacciner, le virus en profite pour muter et générer des variants
A Kampala (Ouganda), le 31 mai. (Nicholas Bamulanzeki/AP)
publié le 7 décembre 2021 à 21h50

Il y a un an jour pour jour, la première injection anti-Covid issue des labos Pfizer était administrée à une Britannique de 90 ans, un vrai vaccin homologué dans les formes. L’affaire avait soulevé une vague d’espoir dans le monde entier : on voyait enfin le bout de cette pandémie qui avait mis la planète à l’arrêt pendant plusieurs mois et causé un nombre invraisemblable de morts. Un an plus tard, le monde déchante. Alors que les pays riches, où les taux de vaccination sont supérieurs à 70 %, commençaient à reprendre une activité quasi normale malgré l’arrivée d’une cinquième vague causée par le variant delta, un nouveau variant venu d’Afrique du Sud (où 24,9 % de la population seulement est vaccinée) affole la planète. On ne sait pas grand-chose d’omicron mais il faut le surveiller comme le lait sur le feu car nul ne sait si ses mutations lui permettent de résister aux vaccins actuels.

Y a-t-il un lien avec le faible taux de vaccination de la zone dont il est issu ? Les scientifiques, forcément, s’interrogent. Ce qu’ils savent avec certitude, c’est que moins une population est vaccinée, plus le virus circule et a des chances d’y muter. En gros, c’est le serpent qui se mord la queue : les pays riches préfèrent garder les vaccins pour leur population, et surtout la juteuse propriété des brevets, du coup les pays pauvres ne peuvent pas se faire vacciner, le virus en profite pour muter et générer des variants qui, par le biais de la mondialisation, reviennent dans les pays riches, provoquant un branle-bas de combat et l’injection de nouvelles doses. Pendant combien de temps allons-nous vivre ce jour sans fin causé par l’égoïsme de certains chefs d’Etat et d’entreprises pharmaceutiques ? Quand allons-nous comprendre que seule la solidarité peut nous sortir de cette crise sanitaire ? Si les pays riches restent insensibles au sort des pays pauvres, qu’ils leur procurent au moins des vaccins par pur égoïsme, pour éviter l’émergence d’un variant qui, un jour peut-être, résistera à tous les vaccins.