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Libération
Repentance

Violences en foyers et hôpitaux psychiatriques : le Premier ministre néo-zélandais demande pardon aux victimes

Ce mardi 12 novembre, le Premier ministre Christopher Luxon a présenté des excuses aux milliers de survivants d’abus infligés pendant 70 ans dans des foyers pour enfants et des hôpitaux psychiatriques de Nouvelle-Zélande.
«Je suis désolé que personne ne vous ait crus lorsque vous êtes venus signaler» ces violences, a déclaré Christopher Luxon, Premier ministre, devant le Parlement de Nouvelle-Zélande mardi 12 novembre. (Charlotte Graham-McLay/AP)
publié le 12 novembre 2024 à 15h44

Le Premier ministre néo-zélandais, Christopher Luxon, a présenté ce mardi 12 novembre ses excuses aux personnes victimes de violences. Des enfants, des jeunes, qui étaient pris en charge par l’Etat, dans des foyers et des hôpitaux psychiatriques. Le Premier ministre Luxon s’est excusé au nom des gouvernements successifs qui ont fermé les yeux sur ces événements.

Une enquête publique diffusée en juillet et menée pendant six ans, a révélé qu’environ 200 000 Néo-Zélandais ont subi des abus à partir des années 1950, pendant sept décennies. Le rapport parle d’une «catastrophe nationale inimaginable», dans laquelle des soignants attachés à l’Eglise ont agressé sexuellement des jeunes. Des mères ont été contraintes de confier leurs enfants à l’adoption, et des patients, jugés pénibles, ont subi des traitements par électrochocs, attachés à leur lit.

«Je suis désolé que personne ne vous ait crus lorsque vous êtes venus signaler» ces violences, a déclaré Christopher Luxon devant le Parlement de son pays ce mardi. Il a poursuivi : «certains d’entre vous penseront peut-être que mes mots ne valent pas grand-chose après tant de temps et de souffrances. Mais j’espère qu’aujourd’hui, avec ces excuses et la reconnaissance de votre fardeau, il deviendra un peu plus léger chez certains d’entre vous.» Dans son discours, le chef du gouvernement fait particulièrement référence à ceux qui ont été torturés dans l’hôpital psychiatrique de Lake Alice. «Jeunes, seuls et soumis à des souffrances inimaginables… Je suis profondément désolé.» Le lieu avait été le théâtre de stérilisations à l’insu des victimes, ainsi que d’expériences médicales contraires à l’éthique et de punitions par électrochocs.

Des traumatismes persistants

Des victimes, parfois submergées par l’émotion, ont assisté à la séance qui se tenait à la Chambre des représentants à Wellington. D’autres, ont hué la représentante des autorités judiciaires accusée par ses détracteurs d’entraver les actions en justice des survivants de violences. Pour Tu Chapman, une des victimes, le gouvernement doit à répondre à «des décennies de violences, de négligence et de torture». De nombreuses personnes passées par ces structures ont fait part d’un traumatisme persistant, ayant pu conduire à des problèmes d’addiction. D’après les conclusions de l’enquête, une partie de ces violences a été mêlée au racisme envers le peuple autochtone maori, qui «une fois pris en charge […] a fait l’expérience de traitements plus durs».

Le travail de mémoire lancé en 2018 a émis 233 recommandations que le Premier ministre a promis d’examiner. Les autorités néo-zélandaises ont commencé à effacer les noms de rue, les panneaux et les lieux de mémoire portant le nom des agresseurs. Le journal NZ Herald souligne que les excuses n’ont pas été accompagnées de détails sur une indemnisation des victimes de l’Etat. Les annonces d’un tel plan ne devraient pas avoir lieu avant le début de l’année 2025.