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Portrait

Gilles Leroy Zelda c'est moi

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A 48 ans, l'écrivain remporte le prix Goncourt pour «Alabama Song», un roman où la femme de Francis Scott Fitzgerald crie son destin tragique.
publié le 6 novembre 2007 à 1h18

L'homme du jour est une femme : Zelda, née Sayre, épouse de Francis Scott Fitzgerald. Née en 1900 à Montgomery (Alabama, Etats-Unis), elle est morte le 10 mars 1948 dans l'incendie du Highland Hospital où elle était internée. C'est une rose puissante et abîmée d'Alabama - pétales lourds, longues épines, finalement feu et mort en ce jardin. Zelda, aujourd'hui, c'est lui : Gilles Leroy, 48 ans, né à Bagneux (Hauts-de-Seine), quatorze livres, nommé hier prix Goncourt 2007 pour Alabama Song (Mercure de France).

Flash-back. Ce roman assez court (188 pages), volontairement haché, est un exercice honorable et didactique de ventriloquie. Leroy réinvente, en faisant écrire et parler Zelda, le chant tragique et étouffé de cette mésange des cieux littéraires. Par brefs flash-back, comme les coups d'un projecteur manié par un épileptique, ou en répondant à un médecin, Zelda crie son destin. C'est une femme en colère : vie, ressentiment, chagrin. Elle est déjà internée. «J'aurais pu me laisser submerger par le matériel biographique, énorme et terriblement contradictoire, nous expliquait hier Gilles Leroy, mais j'ai pris un parti de romancier. J'ai travaillé sur l'imagination et le souvenir des textes. Les correspondances de Scott et Zelda m'ont aidé. Zelda a un langage cru dans ses lettres. Quand elle pense pute, elle dit pute.»

Dans Alabama Song, Zelda dit par exemple, en 1924 : «Ma robe est en peau d'ange, et c'est une très belle robe», puis se demande: «Es

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