Ceux qui l'ont côtoyé le décrivent un homme arrogant, dédaigneux pour ses subalternes, mais aussi jouisseur : Ieng Sary, l'ancien vice-Premier ministre du régime khmer rouge a toujours affectionné les cigares et le cognac. Une attitude qui détonne avec sa position de haut dirigeant d'un régime communiste austère et ultraradical, qui avait tenté une transformation drastique du Cambodge. Cette volonté d'aller plus vite et plus loin que la Chine maoïste a provoqué la mort d'1,8 million de personnes entre avril 1975 et janvier 1979.
D'une santé de plus en plus précaire, Ieng Sary, âgé de 83 ans, et sa femme, Khieu Thirith, menaient ces dernières années une douce existence, dans une somptueuse villa à Phnom Penh. Cette vie paisible a pris fin brutalement ce lundi matin. A l'aube, des policiers l'ont arrêté, lui et sa femme, dans leur villa, et les ont emmenés, toutes sirènes hurlantes, vers les cellules construites à leur intention près du tribunal chargé de juger les dirigeants khmers rouges. Ieng Sary a été formellement inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Le pardon qui lui avait été accordé en 1996 par le roi Sihanouk ne l'a pas protégé. Sa femme, qui était ministre des Affaires sociales du gouvernement de Pol Pot, a été inculpée de crimes contre l'humanité. Un seul des cinq suspects de la liste initiale établie par les coprocureurs est encore en liberté : l'ancien chef d'Etat Khieu Samphan, lequel vit à Pailin dans le nord du Cambodge.
«Agents ennemis». A