Barry Bonds se croyait invincible. La star des Giants de San Francisco était persuadée que jamais le FBI n'arriverait à prouver qu'il se dopait aux stéroïdes. «Montrez-moi les preuves», lançait-il. Une seule chose l'obsédait, battre le record de home runs (quand le batteur envoie la balle si loin qu'il a le temps de faire le tour complet des bases) détenu depuis trente-trois ans par le légendaire Hank Aaron. Entrer dans l'histoire. Mission accomplie le 7 août, devant un public en délire. Où l'on déplorait une absence : celle du patron de la Ligue majeure de base-ball (MLB) refusant de cautionner un record suspect. «Ce record n'est pas entaché, un point c'est tout», assurait Bonds. Cent jours plus tard, à la fin de la semaine dernière, il a finalement été inculpé pour parjure et entrave à la justice.
Il risque jusqu'à trente ans de prison.
Jusque-là, Bonds pouvait se vanter. Quatre ans après les premiers soupçons de dopage apparus dans l'enquête sur le laboratoire Balco (pour Bay Area Laboratory Cooperative), il était l'un des joueurs les mieux payés du base-ball, expédiant, de sa musculature bovine, les balles hors du terrain. En 2006, il devient le base-balleur ayant gagné le plus au cours de sa carrière : 118 millions d'euros. A 43 ans, son corps de brute n'avait plus rien à voir avec la fine silhouette du jeune enrôlé en 1985 par les Pittsburgh Pirates. 120 kilos, bras gonflés, épaules colossales. Même son tour de tête avait enflé. Alors que les joueurs