C'est une petite femme nerveuse à la voix fluette, vêtue de noir et l'oeil aux aguets. A 34 ans, cette réfugiée iranienne installée depuis 2000 aux Pays-Bas vient de terminer ses études à l'Académie royale des beaux-arts (KABK), à La Haye. Elle s'y est fait remarquer sous le pseudonyme provocateur de Sooreh Hera. Son prénom veut dire «sourate» et son nom évoque un mont sacré dans l'islam. «Impossible à citer pour les médias officiels iraniens», sourit-elle. «L'affaire Sooreh Hera» n'en agite pas moins la presse néerlandaise, depuis des semaines. Depuis que ses photos où des homosexuels sont masqués du visage du prophète Mahomet font polémique, elle reçoit des menaces de mort, change de maison tous les soirs et ne donne rendez-vous que dans des lieux gardés secrets jusqu'à la dernière minute.
Les photos qui fâchent sont celles d'un couple de gays iraniens, réfugiés comme elle aux Pays-Bas, dont les visages sont cachés. «Pas pour s'amuser», explique l'artiste, mais pour ne pas dévoiler leur identité, l'homosexualité étant punie par la peine de mort en Iran. Les masques représentent l'un le prophète Mahomet, l'autre son gendre Ali. La photo fait partie d'une série de portraits d'homosexuels, surtout néerlandais, intitulée Adam & Ewald. Une vidéo plutôt trash accompagne le tout, baptisée Allah ho Gaybar. Des images d'ayatollahs sur fond de prière virent au défilé d'hommes nus sur une musique hard rock.
«Hypocrisie». Après avoir trouvé ce trav