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Pour le mariage, le maire a vu blanc

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En banlieue lyonnaise, le zèle d'une municipalité à traquer les fausses unions a mené à l'expulsion d'un Algérien.
publié le 4 janvier 2008 à 1h49

Il était une fois un couple qui vivait en France et voulait se marier à Décines, petite ville de la banlieue de Lyon. Nacéra avait 46 ans ; Salah, 43. Ils étaient tous deux algériens, lui en situation irrégulière - ce qui n'empêche pas de s'unir, a précisé le Conseil constitutionnel en 2003. Ils ont déposé leur demande, mais le maire a voulu les recevoir avant de publier les bans. Et les a soumis à un véritable interrogatoire. Il voulait vérifier si leur union était sincère. Jugeant que non, il les a dénoncés au procureur, et la demande de mariage s'est transformée en piège, jusqu'à l'expulsion du prétendant. Salah était arrivé en France en 2001 avec un visa de touriste. Il s'y est maintenu illégalement et a rencontré en 2006, Nacéra, une Algérienne arrivée bébé en 1965. Un imam les a mariés en juin 2007, puis ils ont déposé une demande de mariage civil en septembre à Décines. Un rendez-vous leur a été donné pour le 26 octobre. Le maire socialiste, Pierre Crédoz, voulait les voir.

Détails. «J'y suis allée avec mon futur époux, raconte Nacéra, et on est restés vingt minutes dans la salle d'attente. Il y avait un couple avant nous. C'était une black qui se mariait avec un Blanc. Le maire est venu ensuite et a dit qu'il voulait me voir toute seule d'abord. J'y suis allée. Il a commencé par me demander si c'était vraiment sérieux comme mariage, puis les questions ont commencé.» Trente-cinq au total. Quand se sont-ils rencontrés, dans quelles circonstances ? Par que