Au large de La Rochelle, la chiquissime île de Ré s'inquiète. Une pétition circule pour «sauver l'île» d'une invasion barbare. Car en 2012, le péage du pont de 3 km au tracé en courbe, qui a aujourd'hui vingt ans, doit être supprimé (puisque l'emprunt contracté pour sa construction sera définitivement remboursé). L'île blanche, qui abrite 17 000 âmes, craint alors de voir affluer les foules, notamment parmi les 140 000 habitants de l'agglomération située de l'autre côté du pont. L'exemple voisin d'Oléron sert d'épouvantail. «La gratuité du pont de l'île d'Oléron [en 1991, ndlr] a été une catastrophe, causant l'essor d'un tourisme à la journée, de moindre qualité, et une saturation des routes», déplore Maxime Bono, député-maire (PS) de La Rochelle, à l'unisson du conseil général de Charente-Maritime et des élus rétais. Une très grande majorité des habitants sont sur la même longueur d'onde. Y compris chez ceux qui vivent du tourisme. «Le pont gratuit, c'est la mort de l'île», affirme une employée d'hôtel. Et sa patronne de renchérir : «On va assister à un défilé de voitures, de camping-cars, et de gens qui vont pique-niquer sur les plages.»
3 millions de passages par an. Il faut dire que depuis son ouverture le 19 mai 1988, le nombre de passages a doublé, passant de 1,5 à 3 millions. «Jusque-là, vivre ici était un privilège, estime Pascale, de La Flotte. On ne peut pas se permettre d'engorger l'île tous les week-ends où il fait bea