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Libération

En Italie, les escrocs du bistouri

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A Milan, de nombreux médecins de la clinique Santa Rita arnaquaient le système de santé en ordonnant des opérations inutiles. Une «boucherie» subie par une centaine de patients.
publié le 17 juin 2008 à 3h55

«Tendons, poumons, mais surtout thorax. Les seins aussi, éventuellement, mais de préférence avec des signes prononcés de cancer car, dans ce cas, ça vaut 5 000 euros. Autrement, l'opération n'est pas très rentable.» Placé sous écoute téléphonique par la police italienne, le médecin italien Pier Paolo Brega Massone, chef de service en chirurgie thoracique, était un stakhanoviste du bistouri. Un praticien capable, avec ses collègues, d'ordonner des opérations en continu, quel que soit le problème. Il était ainsi malgré son jeune âge - 43 ans - l'un des piliers de la clinique milanaise Santa Rita. Mais surtout une véritable pompe à finances. Grâce à ses interventions, la clinique engrangeait chaque année des millions d'euros de remboursements publics grâce à une convention passée avec la région de Lombardie.

«Arsène Lupin». Avec dix-huit autres personnes dont douze médecins et Francesco Paolo Pipitone, un notaire, propriétaire de l'établissement, Pier Paolo Brega Massone a finalement été arrêté il y a quelques jours. Tous les inculpés sont aujourd'hui accusés d'«escroquerie aux dépens de l'Etat», de «lésions graves ou très graves» et même d'«homicide volontaire». Selon les magistrats chargés de l'enquête, cinq personnes au moins (peut-être vingt) seraient mortes après avoir subi des opérations inutiles. Dans la presse italienne, l'établissement milanais est désormais présenté comme «la clinique de l'horreur». Au total, entre 2005 et 2006, près de 100 personnes aura