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Au Xinjiang, les Jeux sont fades

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Pour les Ouïgours, ethnie majoritaire de cette province à l'extrême nord-ouest de la Chine, les JO sont avant tout synonymes de contrainte.
publié le 16 août 2008 à 4h38

Sur la grand-place de Kashgar, à plus de 3 000 kilomètres de Pékin, un écran géant ultramoderne d'une dizaine de mètres de haut a été érigé entre la mosquée et le bazar. On y diffuse chaque soir les JO. Les slogans de propagande appelant à l'unité nationale agrémentent ensuite le bulletin d'informations. Les commentaires sont doublés en ouïgour, la langue du Xinjiang, cette très grande province chinoise d'Asie centrale. Des images montrent une «famille modèle» d'Ouïgours béats devant leur téléviseur, dans leur appartement minuscule. Ils sont habillés en costume de fête à paillettes, normalement utilisés pour les grandes occasions. Commentaire : «La minorité ethnique ouïgoure est heureuse d'assister aux JO à la télévision et d'être reliée à Pékin

Jet de pierres. Sur la place pourtant, la foule est clairsemée et beaucoup passent devant l'écran sans le regarder. Le volume des haut-parleurs est si fort qu'il couvre l'appel à la prière du muezzin.«C'est très impoli, ils ne comprennent pas notre culture. Alors, ceux qui aiment le sport vont le regarder ailleurs», remarque un riverain, de l'ethnie ouïgoure majoritaire dans les environs. Il y a quelques semaines, un groupe de jeunes locaux a même jeté des pierres sur cet écran-ovni qui a transformé leur centre-ville. Ailleurs dans les rues, les télés des échoppes et salons de thé sont branchées sur des feuilletons en langue locale, plus souvent que sur les Jeux. «Quand j'entends le mot "olympique", cela m'évoque to