«Un jour, les physiciens s'amusèrent tant qu'ils firent disparaître la Terre.» Cet extrait de l'Encyclopédie galactique, publiée sur la planète Tatooine, 2304 ans après la destruction de la planète bleue, pourrait se poursuivre ainsi : «Véritables apprentis sorciers, ces scientifiques avaient construit une gigantesque machine pour recréer, à l'échelle microscopique, les conditions régnant dans l'univers peu après le big-bang. Ils organisaient des collisions frontales entre des paquets de particules - des protons -, circulant en sens inverse à la vitesse de la lumière dans un tube circulaire de 27 kilomètres. A chaque choc, l'énergie cinétique se transformait en particules nouvelles. Un jour, un minuscule trou noir surgit d'une de ces collisions. En une fraction de seconde, il dévora la matière environnante, puis, dans un processus exponentiel, toute la Terre. Avec ses habitants. Et ses physiciens, qui n'eurent pas le temps de regretter leur audace. Pourtant, deux citoyens courageux, l'Américain Walter Wagner et l'Espagnol Luis Sancho, avaient porté plainte devant un juge d'Hawaï. Mais ils ne parvinrent pas à stopper la machine infernale.»
Pure science-fiction ? Non. Si l'Encyclopédie galactique ne doit son existence qu'à notre imagination, la machine, elle, existe. C'est le Large Hadron Collider (Grand collisionneur de hadrons), en rodage au Cern, l'organisation européenne pour la recherche nucléaire, installé sous la frontière franco-suisse