Le Rassemblement national de Marine Le Pen et la Ligue italienne de Matteo Savini n'ont pas réussi (pour l'instant) à créer la «grande coalition» des populistes au Parlement européen dont ils rêvaient au lendemain des européennes. Ils ont tout de même doublé les effectifs de leur ancien groupe («Europe des nations et des libertés»), en comparaison avec la fin de la dernière mandature. L'ex-Front national a présenté ce jeudi au Parlement européen à Bruxelles les lignes de son nouvel ensemble, baptisé «Identité et démocratie», qui compte 73 députés – contre 36 avant les élections –, dont «seulement» 11 issus de l'AfD allemande, et 9 nationalités. Ni plus ni moins que les présents au meeting commun de Le Pen et Salvini durant la campagne, à Milan mi-mai.
Réputation désastreuse
Les élections européennes ont certes été un succès pour le RN et la Ligue, arrivés en tête dans leur pays, mais elles n'ont pas été le triomphe annoncé sur le reste du continent, l'extrême droite ayant reculé en Autriche, au Danemark… Certains mouvements d'Europe, comme Volya en Bulgarie ou le Sme Rodina slovaque, sur lesquels Marine Le Pen comptait pour grossir ses troupes, n'ont décroché aucun élu. Et les tractations pour aspirer les députés de Vox, malgré les projections ambitieuses des cadres de RN, n'ont rien donné. La jeune formation néofranquiste espagnole préférant – comme prévu – intégrer le groupe conservateur ECR, composé lui aussi d'eurosceptiques, dont les puissants polonais du PiS et leurs 26 sièges. Ces derniers ont toujours dit qu'ils ne voulaient rien avoir à faire avec un RN pro-Poutine, qui jouit par ailleurs d'une réputation désastreuse sur la scène européenne. Salvini et Le Pen visaient aussi le Fidesz de Viktor Orbán, 13 sièges au Parlement européen, au pouvoir en Hongrie. L'homme n'a jamais eu l'intention de tourner le dos au groupe PPE, qui lui offre une influence qu'il n'aurait pas avec «Identité et démocratie». Pendant la campagne, il avait d'ailleurs expliqué qu'il n'avait «rien à voir avec Marine Le Pen».
«Les choses vont finir par se décanter», promettait un proche de Marine Le Pen avant le scrutin du 26 mai, ajoutant : «Après 2014, on avait mis un an à former un groupe. Là, non seulement on débute avec un ensemble déjà formé et important, mais en plus, on a les deux plus puissantes formations d'Europe.» Jeudi, à Bruxelles, Marine Le Pen (qui n'est plus eurodéputée) a soufflé à la presse que «au niveau national comme européen, l'union est un long chemin».