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Droites

Marion Maréchal, l’extrême qui veut montrer patte blanche

Officiellement en retrait, l’ancienne députée se construit un statut de rassembleuse, susceptible de séduire une droite rebutée par sa tante.
Marion Maréchal à Lyon, le 14 juin. (Photo Bruno Amsellem)
publié le 8 juillet 2019 à 20h56

Au RN, on appelle la séquence électorale qui vient la «grande clarification». Concrètement : la façon dont les élus LR sont censés devoir choisir leur «camp» en vue des municipales de mars. Dopée par la victoire de son parti aux européennes, Marine Le Pen croit être en position d'acter la déliquescence définitive du parti de droite et ses 8,5 % obtenus en mai. Et d'appeler ses membres à rejoindre son Rassemblement national. «Nous constatons le début de la décomposition de la vie politique française, il n'y a plus que deux blocs», a-t-elle martelé en lançant mi-juin à La Rochelle sa campagne pour les municipales. Deux blocs : le sien (celui des «patriotes») et celui de Macron (les «mondialistes»). «Les LR vont devoir se montrer tels qu'ils sont et choisir entre l'un ou l'autre. Combien vont se vendre à En marche ? Pour les autres, je lance un appel. Nous sommes prêts à mettre en place des plateformes communes, pour créer une grande force d'alternance», a-t-elle lancé.

Mais dans son entreprise de dépeçage de LR, Marine Le Pen ne dépasse pas les frontières du RN. Contrairement à sa nièce Marion Maréchal, qui truste au-delà du parti lepéniste le créneau d'une «union des droites» - dont elle revendique faire partie. Et malgré son retrait officiel de la vie politique, en 2017, c'est bien elle, et non la finaliste de la dernière présidentielle, qui apparaît comme la plus attractive aux yeux des sympathisants de droite quand la question de l'avenir de leur famille politique leur est posée. Selon notre sondage Viavoice, en plus de fédérer 86 % d'opinions favorables chez les sympathisants RN (89 % pour sa tante, présidente en titre), Maréchal récolte 40 % chez les sympathisants de droite. Une sacrée performance quand l'actuel champion de la droite dans les sondages, Xavier Bertrand, récolte 61 %. «Ces scores tiennent au fait que, contrairement à sa tante, Marion Maréchal fédère une droite qu'elle connaît mieux, plus bourgeoise, qui méprise Marine Le Pen, et catholique, une religion qu'elle assume sans complexe, affirme un proche de l'ex-élue. Elle a aussi marché avec la Manif pour tous, que LR a trahie et à qui le RN n'a jamais parlé.»

De fait, les soutiens de Marion Maréchal poussent en ce moment pour le retour de leur championne en «rassembleuse», considérant Marine Le Pen «incapable» de mener à bien une telle entreprise. Les faits récents ne leur donnent pas tort : à part Thierry Mariani, ancien ministre de Sarkozy qui était marginalisé à LR, aucune tête connue à droite n'a rejoint le RN. En face, Marion Maréchal s'est, elle, fait désirer par tout le monde. Jusqu'au Medef qui, un temps, a souhaité sa présence à son université d'été annuelle, avant de reculer devant la polémique. Peu importe : comme son calendrier devait inclure une «carte postale» business, elle a donné une interview au Financial Times. Plus libérale que sa tante, mais surtout ultraconservatrice, l'égérie des cathos intégristes participera en août au camp d'été d'Academia Christiana, un groupuscule traditionaliste.

Elite

Si elle refuse de se (re)projeter dans une quelconque élection, Maréchal a toujours fait de la «fusion des droites» son credo central. La création de l'Issep, l'école de «sciences politiques» qu'elle dirige à Lyon et qui est présentée comme un centre de formation d'une nouvelle élite intellectuelle, répond à cette ambition. Tout comme ce récent dîner dans un restaurant du IXe arrondissement de Paris avec des seconds couteaux de LR qui a opportunément fuité dans la presse. «C'était pour montrer aux électeurs que le cordon sanitaire a sauté», commente un de ses proches. «Et quand elle sera en tête des sondages, en position de gagner, les cadres vont tous arriver en courant», affirme un autre.

Invitée d'une chaîne d'infos quelques heures avant la démission de Laurent Wauquiez de la présidence de LR, Marion Maréchal s'était dite prête à «être utile», attristée «par la situation politique actuelle». Et d'ajouter : «Je considère que le Rassemblement national est indispensable mais que malheureusement il n'est pas suffisant.» Du Maréchal, pas du Le Pen.