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Coronavirus : le RN en boucle sur ses vieilles propositions

Plus de souveraineté, moins d’Europe… Marine Le Pen recycle son programme de 2017 qui, selon elle, aurait permis de mieux faire face à la crise
Meeting du RN dans le Vaucluse en janvier 2019. ( Photo Olivier Monge. Myop)
publié le 31 mars 2020 à 19h46

A écouter Marine Le Pen, elle présidente, la France aurait fait mieux contre le coronavirus. Mieux, et plus fort, et plus vite. Il suffisait d'ailleurs d'appliquer son programme. Marine Le Pen le dit comme cela : «S'il avait été mis en œuvre, nous serions mieux armés qu'aujourd'hui où objectivement, nous sommes à poil.»

Pratique, la dirigeante du Rassemblement national recycle aussi ses idées pour l'«après», dans les leçons à tirer du Covid-19. Là encore, il n'y aurait qu'à piocher dans ses vieilles propositions, puisque la tragédie confirmerait tout ce que Marine Le Pen a toujours dit. Elle veut donc plus de souveraineté nationale et moins d'Europe, soulignant que dans cette affaire «l'Union européenne a été totalement inexistante et même néfaste», mais zappant la réaction finalement massive de la Banque centrale européenne. Elle prône aussi des nationalisations, rien de très nouveau pour le marinisme.

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En plus de cela, Marine Le Pen propose «à l'issue de la pandémie» un «grand audit national» pour «expliquer aux Français où sont allés les centaines de milliards qu'ils versent alors que nos structures sont si faibles». Elle l'a dit à l'hebdomadaire Valeurs actuelles. La cheffe du RN évoque par ce clin d'œil le sort notamment de l'hôpital public et la question des impôts, qu'elle aimerait pourtant réduire.

Marine Le Pen veut plus que la fermeture des frontières nationales, elle souhaite systématiser les contrôles pour une durée indéterminée : «Nous allons devoir fermer nos portes pendant des mois et des mois pour éviter une deuxième vague d'épidémie.» Pour justifier son propos, elle a dégainé cette image : «La frontière, c'est comme la peau, elle sert à laisser passer ce qui est bon et empêche ce qui est mauvais.»

Au Rassemblement national, ce qui vaut pour les migrants vaut pour les virus. L'ancienne finaliste à l'élection présidentielle cherche ainsi à profiter de la crise, en arguant, avec logique, que «puisque nous avons été obligés de toucher aux frontières, cela prouve qu'il est possible de les fermer, et même que c'est souhaitable», analyse le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus.

Localisme

Pour que «le meilleur» puisse «ressortir de ce drame», la présidente du RN demande encore à «changer un modèle économique ultralibéral qui nous appauvrit» et brandit le localisme. Il s'agit d'une politique agricole nationaliste : le localisme va avec l'«enracinement», et s'oppose à l'«idéologie du nomadisme» de l'économie mondialisée. Hervé Juvin, conseiller de Marine Le Pen en matière d'écologie, raconte que les frontières protègent aussi la biodiversité, car «le nomade, qui n'a pas de terre, se moque de l'écologie». Si Marine Le Pen continue donc de creuser le même sillon, n'hésitant pas à accompagner les refrains complotistes, notre étude Viavoice montre que 24% des Français lui font confiance pour incarner le monde d'après.