Le Rassemblement national (RN) n'espère plus grand-chose de ces municipales, sauf peut-être une victoire à Perpignan, qui lui permettrait de sauver les apparences. De nouveau candidat à la mairie, Louis Aliot, qui se présente sans étiquette, conserve de réelles chances de l'emporter contre le maire sortant (LR), Jean-Marc Pujol, 71 ans : Aliot a terminé en tête au premier tour, à plus de 35 %, contre 18 % pour le sortant. La réussite de l'ancien dircab de Jean-Marie Le Pen dans la ville de 120 000 habitants constituerait un succès historique pour le mouvement d'extrême droite, après Toulon en 1995. Elle permettrait au RN de braquer les projecteurs sur cette victoire pour mieux masquer un bilan médiocre à l'échelle nationale. Au-delà de la reconduction au premier tour, dans un contexte de forte prime aux sortants, de sept de ses dix maires (notamment David Rachline à Fréjus et Steeve Briois à Hénin-Beaumont), ces municipales ont une nouvelle fois témoigné des difficultés du RN dans les scrutins locaux. En interne, certains parlent même de «désastre» alors que Marine Le Pen a promis tout au long de la campagne que son parti allait inonder la France d'élus.
Dimanche soir, et sans que cela dise grand-chose du potentiel électoral de la candidate d’extrême droite en 2022, le RN pourrait surtout avoir perdu la moitié de ses conseillers municipaux de 2014. Dans bien des villes, le parti lepéniste s’est ramassé et, outre Perpignan, seule la ville de Moissac (Tarn-et-Garonne) semble être une chance réelle de victoire. Son candidat, Romain Lopez (47 %), a loupé d’une centaine de voix l'élection dès le 15 mars. À Moissac, toutes les listes se sont désistées au second tour, pour laisser place à un duel du RN avec la gauche. Comme cela sera le cas pour Jean-Louis Meizonnet à Vauvert (Gard). Dans cette commune de 11 000 habitants, le candidat a récolté 43 % des suffrages mais n’est arrivé que deuxième. Le voir gagner serait une vraie surprise. Même chose à Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais, 20 000 habitants), bien qu’au RN on évoque la commune avec un peu d’espoir. Ici, le député Ludovic Pajot a obtenu 38,6 % des voix, devant l’ex-PS Bernard Cailliau (34,5 %). Mais après le premier tour, le maire sortant, arrivé troisième, s’est immédiatement désisté.
Restent pour l'ex-FN les édiles encore en place, qui n'ont pas été réélus au premier tour : Cyril Nauth à Mantes-la-Ville (Yvelines), Pascal Verrelle au Luc (Var), et enfin Stéphane Ravier à Marseille. Le premier avait gagné en 2014 par accident, dans une quadrangulaire où la gauche n'avait pas réussi à s'entendre. Les habitants du coin parlent encore de l'événement comme d'un «traumatisme». Cette fois, tous les candidats qualifiés mais pas en mesure de l'emporter se sont désistés au profit du deuxième, étiqueté LREM. Malgré ses 33 % en mars, Nauth n'a semble-t-il aucune chance de conserver son siège dimanche. Difficile aussi au Luc, où on a vu défiler trois maires frontistes depuis 2014. Pascal Verrelle est arrivé deuxième le 15 mars. Chez les électeurs, lassés par cette valse interminable au conseil municipal synonyme d'amateurisme, l'ambiance est au dégagisme. A Marseille, enfin, où Ravier avait emporté une mairie d'arrondissement en 2014 lors d'une triangulaire, le désistement des listes de gauche dans les 13e et 14e secteurs (ce qui pourrait coûter cher à la candidate du Printemps marseillais, Michèle Rubirola) impose un duel au candidat RN. Avec 33,5 % au premier tour, il semble probable qu'il perde l'élection.