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Libération
Chez Pol

Islamophobie : Marine Le Pen scandalisée par un appel à la prière qui n'a pas eu lieu

La présidente du RN a écrit une «lettre ouverte» à Christophe Castaner pour dénoncer une «escalade dans l’occupation» de «groupements», après le diffusion d'une vidéo censée montrer un appel à la prière dans un village du Doubs. Le son venait en réalité de l'appartement du vidéaste amateur.
Marine Le Pen, le 16 janvier 2019 à l'Assemblée nationale. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libération )
publié le 6 avril 2020 à 12h04

Pas facile pour le RN d'exister en ces temps de coronavirus. Une fois que Marine Le Pen a dit que la France s'en sortirait mieux si elle était présidente, que ses partisans ont monté en épingle quelques scènes de non-respect de confinement dans des quartiers populaires, ou que ses cadres ont relayé des thèses complotistes sur la chloroquine, le parti d'extrême droite n'a plus grand-chose à se mettre sous la dent. Mais ce week-end, il a failli trouver une occasion en or pour parler de ce qu'il préfère : l'«islamisation du pays», grâce à une vidéo d'appel à la prière prise dans un village du Doubs. Filmée à Valentigney, 10 000 habitants, elle a été relayée par un compte Twitter, «Dômes et minarets», aux motivations obscures, mais très suivi par la fachosphère, qui l'a présentée comme venant d'une mosquée turque de la commune. On y voit la campagne française de loin, filmée par un habitant, quelques petits immeubles où semble résonner l'appel du muezzin.

La formation mariniste s'est jetée dessus pour en faire un montage. «Scandale : les appels à la prière islamique se multiplient dans tout le pays en totale illégalité. Les islamistes profitent de la crise sanitaire !» a tweeté le compte du parti. Marine Le Pen a même écrit une lettre ouverte à Castaner. Dedans, elle assure que des «mosquées profitent des consignes de confinement : Lyon, Valentigney (Doubs)... nous assistons à une nouvelle escalade dans l'occupation illégale du domaine public par voie sonore». Sauf que… «l'appel de Valentigney» ne venait pas de la mosquée, car elle est fermée depuis le début du confinement. France 3 a mené l'enquête : tout venait en fait du salon de l'habitant qui filmait depuis son balcon.