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Coronavirus : quand Marine Le Pen réclamait la démission de Roselyne Bachelot (mais pas à cause des masques)

Contrairement à ce qu'elle affirme, la présidente du RN a bien critiqué la gestion de la crise du H1N1 en 2010 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé. Jean-Marie Le Pen, alors à la tête du FN, avait même demandé sa démission.
Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, pendant une campagne contre la grippe H1N1 en 2009. (Photo Bertrand Guay. AFP)
publié le 9 avril 2020 à 12h47

Depuis le début de la crise du coronavirus, le RN est en boucle sur «les mensonges» du gouvernement, qui serait «le plus gros pourvoyeur de fake news» du moment. Il le serait sur «absolument tous les sujets» liés au Covid-19, dit Marine Le Pen, notamment la «question de la pénurie de masques». Pas étonnant donc que le thème s'invite au Sénat lors des questions au gouvernement : Olivier Véran a été interrogé hier par l'élu RN des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier, sur un ton similaire. «Nos compatriotes subissent la litanie de vos mensonges, des Français sont morts, vous avez menti sur les masques pour gagner du temps», a attaqué le lepéniste marseillais. Et la réponse du ministre de la Santé, qui a recadré Ravier, vaut la peine qu'on s'y arrête : «Pensez-vous demander ma démission, comme Marine Le Pen avait demandé la démission de Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, parce qu'elle avait commandé, je cite "trop de masques" ?»

«Gouverner c’est prévoir»

Le ministre fait référence là à de récentes déclarations contradictoires de Marine Le Pen. Fin mars, alors qu'on remettait sur la table l'épisode du H1N1 de 2010, pour réhabiliter Roselyne Bachelot, critiquée pour avoir commandé (notamment) plus d'1,7 milliard de masques alors que le virus avait été à la fin moins virulent que prévu, Le Pen avait assuré n'avoir pas participé au lynchage de l'époque. Parce que «Bachelot avait raison». Des années après, la présidente du RN ne «se souvient» pas, en tout cas, «d'être intervenue sur ce sujet». Sauf qu'elle l'avait bien fait. Interrogée alors sur RFI, pour savoir si elle «demande la démission de Roselyne Bachelot» Marine Le Pen répond : «Gouverner c'est prévoir. Et quand on n'est pas capable de prévoir, et qu'on dépense l'argent des contribuables sans raison…», selon une archive déterrée par le Huffpost. Mais elle ne termine pas sa phrase.

De fait, Olivier Véran se trompe légèrement : Marine Le Pen n'avait pas directement demandé la démission de Bachelot. C'est son père, Jean-Marie Le Pen, alors président du FN (sa fille n'en était que la numéro 2), qui s'en était chargé. «Si gouverner c'est prévoir, la ministre de la Santé, responsable de la catastrophe financière, doit démissionner», avait-il balancé dans un communiqué. La dépêche AFP de l'époque était alors titrée «Le FN réclame la tête de Bachelot». Marine Le Pen ne demandera le limogeage de la ministre, également en charge des Sports, qu'après le fiasco des Bleus, la même année, au Mondial 2010.