Le RN de Marine Le Pen réunit cette semaine pour trois jours à Paris sa commission nationale d’investiture, dans le but d’entériner la stratégie du parti d’extrême droite pour les municipales et officialiser certaines têtes de listes déjà validées. Même si beaucoup n’ont pas encore été décidées : les électeurs du RN devraient avoir une vision globale de la chose d’ici septembre ou début octobre.
Le parti a pourtant lancé sa campagne mi-juin à La Rochelle, peu après sa victoire aux européennes 2019, avec pour objectif principal de conserver la plupart des mairies gagnées en 2014, quand il avait remporté dix villes de plus de 9 000 habitants. «A priori, on est partout en situation de repasser», expliquait alors un dirigeant RN. L'autre étant d'élargir son spectre dans les villes voisines, mais aussi, a minima, de s'implanter localement. Le RN sait qu'il brille moins normalement lors de scrutins locaux : «Dans les villes où nous avons peu de chance d'être en tête, notre stratégie à long terme est de faire en sorte d'avoir la meilleure opposition possible», a expliqué mi-juin Marine Le Pen. Les victoires d'après-demain, sont les oppositions de demain.» «Je veux qu'on se mêle des affaires de la commune» et «qu'on remplace certaines oppositions», a redit Sébastien Chenu lundi.
Avec ce cahier des charges, «dès que cela est possible et cohérent, nous allons demander à nos candidats de monter des listes», explique un cadre du RN. Et dans ce cas chaque candidat est tenu de présenter une liste complète sous peine d'être «éliminé» de la course. Rapport aux ratés de la campagne 2014, où beaucoup arrivaient peu ou pas formés. «Les promesses d'alliance sont un leurre pour berner les gogos qui s'illusionnent et les paresseux qui pensent pouvoir se dispenser de l'effort de chercher des candidats», prévient le RN, selon l'AFP. L'idée étant surtout, «d'avoir des candidats dans chaque chef-lieu et d'être présent partout, mais surtout où il y a un enjeu politique ou stratégique», indique un autre cadre.
À lire aussi Rassemblement national : les agités du local
«Embrigadés»
Comme le RN «ne peut gagner seul», selon Thierry Mariani, transfuge de la droite et élu eurodéputé RN en mai, il compte aussi beaucoup sur les listes d'«ouverture». «On a changé de philosophie, c'est un signe qu'on a changé, qu'on a passé une étape supplémentaire», résume un proche de Marine Le Pen, visant surtout des élus locaux LR inquiets de la déliquescence de leur parti, mais qui pourraient être tentés par La République en marche.
A La Rochelle, Marine Le Pen avait lancé un appel à «tous les patriotes», mais aussi à ceux à droite qui «se sentent embrigadés». «Nous sommes prêts à mettre en place des plateformes communes, dans un esprit d'ouverture», avait-elle dit. Alors que David Rachline, le maire de Fréjus, plus importante ville aux mains du RN où le parti organise son université d'été cette année, promettait que ces alliances pourraient concerner aussi des élus de gauche.
Fascicule
Les choses semblent se concrétiser à Denain, dans le Nord, que le RN espère conquérir après y avoir obtenu 44,3% aux européennes. Sébastien Chenu promet des candidats venus du PCF et du PS, et n'exclut pas lui-même de figurer sur la liste en position non éligible. A Carpentras, le parti a opté pour le soutien à une liste conduite par un général à la retraite non RN, Bertrand de La Chesnais, sur laquelle l'ancien suppléant de l'ex députée RN Marion Maréchal, Hervé de Lépinau, ne sera que numéro 3. Pour autant, fort de sa victoire aux européennes, le RN n'entend pas être «ramené au rang de force supplétive» d'un autre parti, prévient-il dans son fascicule dédié aux municipales.
Avec ses 122 000 habitants, Perpignan sera la grande ville convoitée par le RN. Son candidat, Louis Aliot, député des Pyrénées-Orientales se prétend au «rassemblement local» avec une liste sur laquelle pourrait figurer le logo de la Droite populaire de Thierry Mariani, lequel devrait recycler le label créé en 2010 comme branche dure de l'UMP de l'époque, pour servir de faux nez pour candidats LR tentés par le RN mais n'assumant ni le rapprochement ni l'étiquette.