Avec ses 122 000 habitants, la préfecture des Pyrénées-Orientales pourrait constituer un remarquable trophée pour le Rassemblement national lors des municipales. Les faiblesses de la ville et l’éparpillement des candidatures en face offrent à Louis Aliot ce qui ressemble à une voie royale vers la mairie. Le palais des rois de Majorque, le majestueux Castillet et la célébrissime gare de Perpignan ne sont qu’à quelques minutes, en suivant la route vers le centre-ville. Pourtant, une frontière invisible semble séparer ces monuments touristiques des quartiers du nord de l’agglomération. Au sein de ces zones où nul touriste ne s’égare, la pauvreté prospère : dans plusieurs cités, elle touche la moitié, voire les deux tiers des habitants. Certaines enclaves livrent un spectacle de désolation, comme le quartier du Nouveau Logis. Coincées entre des voies rapides et le cimetière Haut-Vernet, des voies défoncées mènent à une enfilade de bâtiments misérables. Les ordures s’accumulent au pied de murs lépreux. Ici et là, de vieilles caravanes font office de logements ou d’extensions. «Ce quartier a 44 ans. On est environ 1 000 Gitans à y vivre, raconte Tony (1). Personne ne veut de nous. Il faut toujours se battre, même pour avoir des choses normales, comme le passage de la benne à ordures.»
Selon lui, 10 000 Gitans vivraient à Perpignan. Le chiffre est invérifiable, sans doute surestimé. Toujours est-il que la communauté git