«Nous n'avons jamais eu de problèmes avant la bagarre; les gens du
quartier nous connaissent. Ils savent que ce n'est pas nous.» Son histoire est tellement abracadabrante que Didier, 21 ans, un jeune habitant de Cergy-Saint-Christophe (Val-d'Oise), ne sait plus comment proclamer son innocence avant le jugement du tribunal correctionnel de Pontoise, prévu aujourd'hui. A l'origine, une bagarre: le 21 septembre 1994, deux étudiants de Cergy-Pontoise se font tabasser par un groupe de quatre jeunes gens, pour avoir refusé de leur donner des cigarettes. L'une des deux victimes est fils d'un procureur adjoint de Pontoise, et la police accourt sans tarder. Vingt minutes après l'agression, Laurent, Thezi, Noël et Didier, quatre jeunes qui traînent dans le quartier «pour draguer les filles», sont interpellés. Les deux étudiants pensent les reconnaître, malgré leurs protestations d'innocence. Un juge les fait aussitôt écrouer.
Pourtant, quelques jours plus tard, quatre autres jeunes se dénoncent: Franck, Souleimane, Adama et Karim. Le juge, perplexe, les fait aussitôt placer sous contrôle judiciaire. Quant aux autres, ils continuent à croupir en prison. Bien qu'il y ait dorénavant quatre accusés de trop dans l'histoire, le juge attend encore un mois avant de prononcer un non-lieu pour Laurent et Thezi et un mois de plus pour mettre en liberté provisoire Didier et Noël.
Un comité de soutien se crée aussitôt dans le quartier. Il dénonce «l'incarcération sans preuves réelles de culpabilité