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Libération
Enquête

Fouilles express avant travaux. A Paris, les archéologues en butte à l'impatience des aménageurs.

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publié le 14 novembre 1995 à 10h16

Place Baudoyer, février 1994. Depuis six mois, les archéologues de

l'Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales) s'affairent pour mettre à jour les restes du cimetière mérovingien de Saint-Gervais (IVe arrondissement). Sarcophages, constructions, mobilier funéraire... Patrick Rebeaud, ex-élève de l'Idhec, filme et enregistre l'intégralité de la fouille. Un travail de titan. Une présence de tous les instants sur le chantier. Au final, 150 heures de pellicule pour un documentaire de 52 minutes, plein de détails. Chantier bouclé à la va-vite, sarcophages détruits par les pelleteuses, habitants qui s'indignent du procédé. Trois semaines supplémentaires seront laissées aux scientifiques pour s'acquitter de leur tâche. Mais la vision du film laisse un goût amer.

Il tente d'expliquer comment les archéologues ont manqué de temps pour mener à bien leurs recherches en sous-sol, face à l'échéancier serré du chantier (un parking de 305 places à livrer pour janvier 1995) et devant les coups de pioche des entreprises. Derrière cette «urgence», on entrevoit les rapports de force entre scientifiques, l'Etat et les aménageurs, et, in fine, la considération accordée au patrimoine archéologique de la capitale. Depuis 1993, les aménageurs doivent normalement faire viser leurs permis de construire auprès du service régional d'archéologie (1), pour éviter de construire n'importe où en détruisant irrémédiablement ce qui se trouve dessous. Un deal simple. Ils n'obtiennent leur per