«On a l'impression que le tribunal de grande instance de Pontoise a
été abandonné à son sort», s'est indigné Gilles Paruelle, bâtonnier du Val-d'Oise, invité à s'exprimer devant les magistrats et les avocats, à la rentrée solennelle. «Ce qui frappe à l'arrivée au TGI de Pontoise, c'est son caractère quasi sinistré», avait auparavant constaté Claude Mathon, récemment nommé procureur de la République. Si la grogne des avocats et magistrats du Val-d'Oise s'est exprimée cette année sans ambages, cela tient à un détail bête qui en dit long sur l'état de la Justice dans le département: la petite cérémonie organisée en septembre pour le départ du précédent procureur et l'arrivée de Claude Mathon avait épuisé les maigres crédits de réception du tribunal de grande instance de Pontoise. Sans petits fours ni champagne, les magistrats n'ont pas osé inviter préfet, hauts fonctionnaires, parlementaires, conseillers généraux, maires... à leur audience solennelle. Confinée aux seuls avocats et magistrats, la réunion a vu les langues se délier. Claude Mathon, qui est passé par les parquets de Bobigny, Nanterre, Meaux et la cour d'appel de Versailles, a raconté sa surprise de découvrir une justice sans moyens matériels ni humains. Selon lui, compte tenu de la population, il manque au tribunal sept postes de juge et un ou deux magistrats du parquet pour atteindre la moyenne nationale, considérée comme insuffisante. En outre, quatre postes de magistrat sont vacants et le ministère ne se