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Libération

Du meurtre au procès, la déroute de la famille de Philippe Huynh Jamais les aides promises à la mort de l'enfant assassiné à Garges en 1994.

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publié le 10 mai 1996 à 5h49

En mars 1994, l'assassinat de Philippe Huynh, 16 ans, attiré par un

chef de bande dans un traquenard au parc de La Courneuve et exécuté de deux balles dans la tête pour une «histoire de filles», avait défrayé la chronique. Le meurtrier avait été passé à tabac, avant d'être livré à la police par des jeunes de Garges. Puis, une rumeur a couru: «La police va le relâcher.» Durant deux nuits, devant les caméras de télévision, des groupes vengeurs incendiaient des voitures, dévastaient des centres commerciaux et affrontaient les CRS. L'émeute provoqua de nombreux blessés, dont, fait rare, des pompiers... et des journalistes. «Garges-lès-Gonesse, symbole des peurs des villes», titrait alors un hebdomadaire.

Pour apaiser les esprits, la préfecture du Val-d'Oise avait fait appel aux proches de la victime. Philippe Huynh était l'un des six enfants d'une famille arrivée du Viêt-nam en 1981, et qui ramait dur pour s'intégrer. Une famille non moins symbolique de la vie à Garges-les-Gonesse que les émeutes: une mère qui avait quitté le domicile conjugal, un père agent d'entretien subvenant seul aux charges des enfants. Le père accepta noblement de lancer des appels au calme, fut invité dans les journaux télévisés. Propulsé au rôle de vedette d'un jour, il fut aussitôt entendu. La colère des copains de son fils se transforma en une vague de générosité. Une collecte rapporta 22.700 F, de quoi subvenir aux frais d'obsèques. L'assistante sociale du collège Henri-Wallon, où avait étudié Philipp