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Libération

A Sarcelles, la police a frappé pour des fautes d'orthographe. Passé à tabac pour une dette contestée.

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publié le 5 juin 1996 à 7h20

Le 28 mai, lorsque Edmond Gourdialsing, 35 ans, se présente au

commissariat de Sarcelles pour «affaire le concernant», il ne sait pas qu'il en ressortira avec quelques ecchymoses et la peur de sa vie. Ce qu'il sait déjà, en revanche, c'est qu'un inspecteur de Sarcelles insiste depuis un mois pour qu'il paye la dette de 1.780 F qu'il a envers une petite imprimerie de la ville.

L'atelier a réalisé pour lui, quelques mois plus tôt, un prospectus appelant à un «grand dîner dansant tropical». «Il n'est pas question que je paye, il y avait trop de fautes d'orthographe dans le prospectus», a-t-il déjà déclaré la première fois à l'inspecteur qui le menaçait de «sérieux ennuis». Edmond Gourdialsing, électricien français originaire de la Réunion, ne s'en était pas laissé compter: «La gérante de l'imprimerie n'a qu'à saisir la justice si elle prétend que ce mauvais travail mérite d'être facturé.»

«Présence indispensable, très urgent», a écrit l'inspecteur de police pour la seconde convocation. «On m'a installé dans une pièce au fond du couloir», raconte Edmond Gourdialsing. Selon lui, l'inspecteur a exigé qu'il paye immédiatement sa dette «en liquide». «Sinon, tu ne sors pas de là», a-t-il ajouté. «Là-dessus, un second inspecteur a commencé à me gifler et à m'injurier, poursuit Edmond. Le spectacle devait être plaisant, car la pièce s'est alors remplie de quatre ou cinq autres policiers. L'un d'entre eux a multiplié les claques. Ça m'a complètement affolé, je me suis mis à pleurer et j'ai