«Je ne peux rien expliquer, c'est venu comme ça. Il avait une
attitude ambiguë. Il bandait. Ça m'a tourné la tête!» Jean-Pierre X, 35 ans, est un petit homme au physique banal et qui maîtrise parfaitement son émotion. Cet officier de police judiciaire décrit comme «très autoritaire» par ses anciens collègues esquive les questions précises de la présidente du tribunal correctionnel de Pontoise, Isabelle Duhamel-Costes. Celle-ci déroule le fil du scénario qui devait permettre au policier de manipuler un adolescent de L'Isle-Adam (Val-d'Oise) qu'il venait d'interpeller.
Tout commence le 4 mars 1996, lorsque le jeune apprenti de 17 ans porteur d'un pistolet à air comprimé qu'il a imprudemment exhibé devant deux camarades est emmené au commissariat de l'Isle-Adam. Il est longuement interrogé par le lieutenant de police Jean-Pierre X. Comme l'appréhendé est mineur, l'OPJ appelle sa soeur aînée, qui le ramène à la maison. Mais le policier, sans remettre de convocation, ordonne à l'adolescent de revenir le lendemain au commissariat. L'interrogatoire prend alors une étrange tournure. Conduit dans un bureau isolé, le jeune homme doit se mettre en slip pour subir «un examen de mensurations». «L'inspecteur m'a demandé d'énumérer mes cicatrices, mais il ne s'est intéressé qu'à mon opération de l'appendicite», racontera-t-il plus tard. Muni d'un mètre, l'OPJ le mesure sous toutes les coutures, s'attardant à l'entrejambes, prenant apparemment des notes. Après trois heures de revue de détail,