«Au pays, Mireille était gentille. Elle m'a dit qu'en France, je
pourrais aller à l'école. Quand je suis arrivée chez elle, le premier jour, elle m'a dit: "Va me chercher un verre. Tu es mon esclave, si tu ne fais pas ce que je te dis, je te frappe.» Marie-Laure, 19 ans, petit bout de femme originaire de Côte-d'Ivoire, rajuste ses lunettes. Choisissant ses mots dans un français qu'elle commence à peine à maîtriser, elle poursuit son récit: «Mireille a dit: "Maintenant, il n'y a plus personne pour t'aider. J'ai fait le ménage, à manger, le linge. J'ai gardé les enfants. Je n'ai pas été à l'école.» Pendant cinq années, Marie-Laure a fait la boniche, pour pas un sou!
Jetée à la rue. Elle avait 13 ans quand sa mère l'a confiée à Mireille T., une amie ivoirienne qui vit aux Pavillons-sous-Bois. «En fait, elle l'a donnée, précise Nadia, une éducatrice qui a pris la jeune femme sous son aile. Elle ne s'en est jamais occupé. D'ailleurs, en six ans, elle n'a jamais pris de ses nouvelles.» Déjà à sa naissance, sa mère lui préfère sa soeur jumelle. Marie-Laure grandit avec son père. Jusqu'à la mort de celui-ci. Elle avait 8 ans. Une tante prendra la relève.
La petite Ivoirienne débarque en France avec le passeport d'une autre gamine. Arrivée aux Pavillons-sous-Bois, Marie-Laure commence à vivre un enfer. «Une fois que Mireille était énervée, elle m'a frappée avec sa ceinture. Elle m'a arraché mes vêtements devant son mari.» Un autre jour, parce que Marie-Laure n'aurait pas obéi, elle lu