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Que la flamme d’une société inclusive et solidaire reste allumée !

Le handicap au quotidiendossier
Refonder la politique du handicap en France pour mettre fin à l’humiliation, l’injustice et l’exclusion subies par les personnes concernées, tel est le souhait impérieux de Pascale Ribes, présidente d’APF France handicap. Rencontre avec celle qui a fait du respect et de l’effectivité des droits et des libertés fondamentales, son plus grand combat.
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Contenu proposé par APF France handicap
publié le 20 novembre 2024 à 11h29
(mis à jour le 23 novembre 2024 à 0h00)

Plus de deux mois après la clôture des Jeux paralympiques de Paris 2024, quel regard portez-vous sur ces Jeux annoncés comme inclusifs ?

C’est un pari gagné ! Ces Jeux ont été exemplaires en matière d’inclusion, avec des cérémonies marquantes et une valorisation des athlètes dans toute leur diversité. Les infrastructures et les accompagnements humains ont permis une pleine participation de toutes et tous, et la médiatisation égale des épreuves a encouragé un large engouement du public. Avec une accessibilité facilitée par des moyens de transport et des structures adaptés, les Jeux ont démontré que l’inclusion est réalisable quand des efforts sont fournis à tous les niveaux. Ces Jeux inspirants montrent que l’inclusion est possible et doivent maintenant laisser un héritage durable. Il reste à concrétiser les engagements pour que cette dynamique positive persiste.

La «révolution paralympique» est-elle lancée, comme l’a affirmé Tony Estanguet ?

Je veux y croire. Les Jeux ont ouvert de nouvelles perspectives : des navettes adaptées, des taxis accessibles, un parc de logements repensé et des accueils optimisés dans les gares et aéroports. Des moyens significatifs ont été déployés pour rendre ce moment unique et inclusif. Des engagements locaux ont aussi été pris, comme le pacte pour un métro accessible en Île-de-France. Cependant, l’impact des Jeux sur les mentalités est encore limité. Notre étude avec l’Ifop* montre que 65 % des Français ont suivi les Jeux et les ont appréciés, mais les représentations du handicap demeurent stéréotypées. Beaucoup perçoivent encore les athlètes comme des «superhéros» et considèrent que le handicap est sous-représenté dans les médias avec une image souvent déformée. Si les avancées sont encourageantes, il reste du chemin pour que l’inclusion devienne une norme. Un autre enjeu est de garantir une couverture médiatique permanente et fidèle du handicap, pour que l’enthousiasme suscité ne soit pas qu’un feu de paille.

Où en sommes-nous de la politique du handicap en France à l’approche des 20 ans de la loi handicap de 2005 ?

Le bilan est décevant. La France reste inaccessible, et cela affecte les droits fondamentaux, comme l’accès à l’éducation, l’emploi, le logement et les soins. Selon notre enquête de 2020, 9 personnes sur 10 rencontrent des difficultés dans leurs déplacements quotidiens. La précarité des personnes handicapées augmente, amplifiée par l’inflation, et le financement des aides humaines et techniques est insuffisant. Nos établissements sociaux et médico-sociaux sont en crise, et les services essentiels peinent à assurer un suivi de qualité. Cette situation est dénoncée depuis plusieurs années, et en 2021, le Comité des droits des personnes handicapées des Nations Unies a critiqué la France pour son retard et son approche paternaliste du handicap et en 2023, le Conseil de l’Europe a condamné l’Etat français pour violation des droits des personnes en situation de handicap. La France est régulièrement pointée du doigt pour discrimination, en particulier dans l’emploi. Le manque de cohésion dans la politique handicap, basé sur des dispositifs épars, n’aide pas à résoudre ces problématiques de fond.

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics, aujourd’hui ?

Nous attendons une refonte complète de la politique du handicap, centrée sur les droits humains et sur une gouvernance inclusive. Il faut sortir d’une approche paternaliste et médicale, et voir la personne handicapée comme un citoyen à part entière, avec des droits effectifs. Pour cela, la construction des politiques publiques doit inclure les personnes concernées : «Rien pour nous, sans nous !» Une politique efficace doit s’attacher à créer des parcours de vie fluides, avec un accès à tout, partout et pour tous, et non comme une suite de compromis et d’entraves.

Quelle est votre crainte et votre espoir pour l’avenir ?

Je crains que les valeurs de solidarité et de vivre-ensemble s’effritent dans une société marquée par les inégalités croissantes. Mais l’élan de Paris 2024 montre qu’une société inclusive est possible. J’espère que cette énergie collective se traduira par des actions concrètes pour garantir les droits des personnes handicapées. Chacun a un rôle à jouer dans cette transformation : pouvoirs publics, citoyens et acteurs de la société civile. J’espère qu’ensemble, nous réussirons à faire de l’inclusion un pilier inébranlable de notre société.

* Résultats de l’étude «Les représentations à l’égard du handicap avant et après les Jeux olympiques et paralympiques» sur : https://actionspolitiques.apf-francehandicap.org / Rubrique Médiathèque, sondages.

APF France handicap

17 Bd Auguste Blanqui - 75013 Paris

Tél. : 01 40 78 69 00

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