A priori, Doris Wishman n’aurait jamais dû devenir une réalisatrice de films érotiques. En 1959, elle venait d’épouser un nommé Jack Silverman, qui travaillait dans la publicité, et ils s’étaient installés en Floride. Mais quatre mois après leur mariage, il meurt d’une crise cardiaque, laissant Doris Wishman brisée par la douleur. Elle se met alors en quête d’un «travail dévorant», selon ses propres termes, qui ne lui laissera pas une minute de libre. Elle le trouve : le cinéma. Mais pas n’importe lequel. En 1960, elle devient une des figures majeures de la sexploitation, un genre alors balbutiant basé sur l’exhibition de femmes semi-nues, généralement des danseuses burlesques ou des strip-teaseuses.
Une femme à réhabiliter
Bien que ses alter ego masculins (Russ Meyer ou Radley Metzger) soient plus connus qu’elle, Doris Wishman mérite une place à part dans le panthéon des pionniers. Elle cumule plus de 30 films à son actif, systématiquement sous-financés et sous-diffusés de son vivant, portés aux nues après sa mort. Les critiques vantent la «richesse inestimable» de son travail, «un certain surréalisme scénaristique» et un don inouï pour «la captation des corps» (source : The films of Doris Wishman). Parmi ses chantres, on compte John Waters et John Carpenter. Mais sa plus fervente admiratrice reste la cinéaste et théoricienne américaine