On se demandait quand Adidas allait larguer sa filiale Reebok. Depuis mardi, c’est officiel. L’équipementier sportif allemand explique vouloir se concentrer sur son propre développement. Les trois bandes ont en effet fort à faire pour aller enquiquiner le mastodonte Nike. Les fans historiques de Reebok en retireront, eux, un goût amer. Rachetée en 2006 pour 3,1 milliards d’euros, la marque américaine au logo en forme d’antilope n’a jamais réussi à retrouver le faste des années 80 et 90, qui reposait côté pompes sur une trinité aux reins solides. Il y a tout d’abord la Reebok Freestyle lancée en 1982, qui donne à l’aérobic sa paire de chaussures tutélaire – ce modèle capte presque 50 % du marché du fitness et de l’aérobic. Un an après, pour ne pas faire jaloux, l’équipementier dégaine la Classic. Une version unisexe de la Freestyle, dédiée au running mais qui va aussi s’imposer dans la rue.
Lancée en 1989, la Pump dévore quelques années plus tard les playgrounds et les parquets de la NBA et contrarie même la domination naissante de Nike. Problème, malgré son rachat par Adidas, Reebok n’a pas su répondre à la double injonction commerciale qui permet aux équipementiers sportifs de durer : nostalgie et innovation. La nostalgie, La Trinité s’en charge. Pour le reste, c’est plus compliqué. Passé les années 2000, Reebok a buggé. Malgré quelques collaborations bien dans le moment (avec Allen Iverson, 50 Cent, Cardi B…) et quelques succès d’estime, l’Antilope a toujours semblé loin de la course à l’armement à laquelle se livrent Adidas et Nike. Côté sponsoring, le label a reculé dans le basketball, le football (avec notamment la perte de Liverpool en 2006). La marque française Venom vient même de lui arracher l’UFC… La vente à venir s’annonce déjà comme une nouvelle opportunité, pour Reebok, de se remémorer ses meilleures années tout en s’attaquant au futur avec le sens de l’anticipation d’une antilope.