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Les 400 culs

«Ah ! Nana», quand les femmes dessinaient leurs fantasmes

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Culte, déjanté, éphémère et jubilatoire, la revue fut en France le premier (et dernier) magazine de bande dessinée fait par des femmes. «Métal Hurlant» lui consacre un numéro d’anthologie.
Liz Bijl réalise une couverture montrant trois jeunes filles en nuisette pour le numéro sur l'inceste. (DR)
publié le 28 octobre 2023 à 10h10

Un strip-teaseur aux cheveux gominés s’apprête à retirer son slip, sous le regard de spectatrices qui l’encouragent en levant leurs coupes. Quand la revue Ah ! Nana apparaît dans les kiosques en octobre 1976, sa couverture donne le ton : on inverse les rôles. Créé par Janic Guillerez, directrice artistique des Humanoïdes Associés et épouse de Jean-Pierre Dionnet, Ah ! Nana – le pendant féminin de Métal Hurlant – se veut «anti-machiste». Son titre reprend de façon ironique la petite phrase «ah, les femmes !». L’expérience cependant est brève. En 1978, la revue cesse car elle est frappée d’une interdiction d’affichage : trop osée. Presque cinquante ans plus tard, Métal Hurlant lui rend hommage dans un numéro hors série de 272 pages, en librairie depuis le 25 octobre. Responsable du hors-série, Cécile Chabraud, éditrice de Métal Hurlant, a sélectionné le meilleur des histoires publiées par Ah ! Nana, accompagnées d’un rédactionnel conséquent sur l’histoire de cette revue mythique.

Vrai casse-tête

Tout commence par un défi – «les filles, vous n’êtes pas cap» – lancé lors d’un déjeuner «dans une cantine de la rue de Lancry [à Paris], près des nouveaux locaux de la rédaction de Métal Hurlant». Ainsi que le raconte la chercheuse spécialiste de la bande dessinée Blanche Delaborde dans un article du hors-série, l’idée de créer Ah ! Nana s’impose lors d’un repas au cours duquel quatre hommes taquinent leurs compagnes. Les femmes s’a