Un strip-teaseur aux cheveux gominés s’apprête à retirer son slip, sous le regard de spectatrices qui l’encouragent en levant leurs coupes. Quand la revue Ah ! Nana apparaît dans les kiosques en octobre 1976, sa couverture donne le ton : on inverse les rôles. Créé par Janic Guillerez, directrice artistique des Humanoïdes Associés et épouse de Jean-Pierre Dionnet, Ah ! Nana – le pendant féminin de Métal Hurlant – se veut «anti-machiste». Son titre reprend de façon ironique la petite phrase «ah, les femmes !». L’expérience cependant est brève. En 1978, la revue cesse car elle est frappée d’une interdiction d’affichage : trop osée. Presque cinquante ans plus tard, Métal Hurlant lui rend hommage dans un numéro hors série de 272 pages, en librairie depuis le 25 octobre. Responsable du hors-série, Cécile Chabraud, éditrice de Métal Hurlant, a sélectionné le meilleur des histoires publiées par Ah ! Nana, accompagnées d’un rédactionnel conséquent sur l’histoire de cette revue mythique.
Vrai casse-tête
Tout commence par un défi – «les filles, vous n’êtes pas cap» – lancé lors d’un déjeuner «dans une cantine de la rue de Lancry [à Paris], près des nouveaux locaux de la rédaction de Métal Hurlant». Ainsi que le raconte la chercheuse spécialiste de la bande dessinée Blanche Delaborde dans un article du hors-série, l’idée de créer Ah ! Nana s’impose lors d’un repas au cours duquel quatre hommes taquinent leurs compagnes. Les femmes s’a