Importer le modèle des supermarchés coopératifs dans le monde de la nuit. Voilà l’ambition des cofondateurs du Club co-op, nouveau lieu nocturne inauguré dans le centre de Marseille (rue Curiol, Ier arrondissement) fin septembre. Le concept ? Contre une adhésion de 3 euros et un court service (au bar, au vestiaire, en régie, etc.) de deux heures, les coopérateurs – environ 600 à ce jour – bénéficient de touts petits tarifs pour les boissons, de la possibilité de participer à la programmation ou à des ateliers pour apprendre à mixer. «C’est vraiment un projet au tout début de son existence, mais on a déjà fait huit soirées», explique Ana Sanz, chargée de la com des lieux. Aussi DJ, l’organisatrice de soirées du collectif Moon Squad, passée par des labels indépendants à Londres est l’une des trois cofondatrices, avec Vincent Kulesza et George Trotter, de ce nouveau repère de la fête alternative marseillais.
Et d’ajouter : «On trouvait qu’il y avait trop peu de lieux à Marseille pour faire la fête et la faire de manière différente, ici on ne vient pas juste pour consommer.» Agée de 25 ans, la jeune femme espagnole, née aux Etats-Unis, s’est découvert un goût pour les sorties de toutes obédiences (hip-hop, techno, drum’n’bass, etc.) lors de ses études à Bristol, en Angleterre. Jusqu’à faire de la musique et de la nuit son métier. «Quand tu bosses trois jours par semaine jusqu’à 3 heures du matin, tu n’as plus vraiment l’énergie pour sortir», nuance Ana Sanz. Débarquée à Marseille il y a près de deux ans, elle fait régulièrement un tour à la Méta, teuf électronique clandestine locale, au Makeda, salle de concerts et club du Ve arrondissement, ou aux teufs de plein air l’été. De quoi assouvir sa boulimie musicale.
Ta définition de la nuit
«La nuit a des fondements politiques. Elle donne l’opportunité d’avoir une liberté d’expression totale et de vivre des expériences multisensorielles très fortes. Elle a un potentiel transformateur.»
Ta première virée
«C’était dans un club de Madrid qui s’appelle Mondo Disko. Je suis rentrée avec une fausse identité car je n’avais pas la majorité et un sentiment de rébellion. Un DJ techno mixait toute la nuit. Et je suis restée jusqu’à la fin, vers 4 heures du matin. Il y avait peu de lumières et tout est passé très vite. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs mais je savais que le fait de sortir me plaisait. L’attraction a été immédiate, même si ce n’est pas du tout le genre de lieux, très masculins, que je fréquenterais aujourd’hui.»
Précédemment dans «C'est reparty»
Ta B.O.
«C’est un remix d’In Da Club Before Eleven O’Clock de DJ Rashad, sorti en 2007, un morceau de footwork. C’est vraiment le meilleur son pour commencer une fête et il a marqué beaucoup de gens. Il rend fou ceux qui le reconnaissent.»
Ton lieu
«Les arrêts de bus ou de métro où tout le monde s’amasse après une fête. C’est là où tu vois les sourires, peut-être du maquillage qui a coulé et des gens débraillés alors qu’il fait froid. Ça a un petit côté sale, mais ça traduit bien l’excitation d’une soirée qui se termine, qu’on ait envie ou pas qu’elle se prolonge.»
Ton prochain week-end
«Vendredi, je serai évidemment au Club co-op pour une soirée global bass anglaise dont le line up est incroyable. Il y aura des artistes de labels locaux super cools qui mixent et ça m’a rendu très heureuse qu’un membre ait proposé ça. Je vais aussi mixer à la Merveilleuse (VIe arrondissement), un bar que j’adore. Le samedi, on organise une fête de soutien pour la Palestine, avec un open mic, la projection d’un documentaire et des conférences.»