Ça commence comme une mauvaise blague. «Dans la voiture, on est quatre : un Breton, une Congolaise, un Marocain, un campagnard», retrace Yassine, belge d’origine marocaine. Ce dimanche 30 juin, il revient en covoiturage d’un mois de vacances en France. A 20 heures, la passagère demande si les résultats du premier tour des élections législatives sont sortis. «RN premier ?» demande vivement «le campagnard». «Oui, avec plus de 30 %.» «Aaaaaah voilà», se réjouit-il, tout sourire. Les trois autres, la mine défaite, se regardent. «Il nous en fallait pas plus pour comprendre», lâche Yassine. Le reste du trajet, l’ambiance est «macabre».

Dimanche 7 juillet, au soir du second tour des législatives, il serait sans doute plus sage de ne pas réitérer l’expérience. Mais pour lutter contre l’angoisse de l’attente des résultats, que faire ? Premier réflexe : ne pas rester seul. Léo, 23 ans, a fait cette erreur au premier tour. Rentrant d’un dîner chez ses parents en Mayenne, il a passé deux heures isolé dans sa voiture, la montée du RN en boucle à la radio jusqu’à son arrivée à Thouars, dans les Deux-Sèvres. «Je ne veux pas revivre ça. Je dois m’occuper l’esprit, ne pas être dans l’incompréhension totale», assure-t-il. Ses amis lui conseillent de prendre du recul,