Les vieilles caisses sont alignées en plein air dans l’enceinte du musée, aussi nobles et chargées d’histoire que des colonnades de l’Antiquité. Cette semaine, sept Renault 12 et cinq Peugeot 504, nostalgiques en diable, fripées et colorées comme les mamies du Sud, ont été grutées jusqu’à la place d’Armes du Mucem, à Marseille, sous les yeux stupéfaits des passants du Vieux-Port. Voitures emblématiques des «vacances au bled», seconde maison de milliers d’immigrés maghrébins pendant trois décennies, «trait d’union entre les deux rives de la Méditerranée», elles tiennent le rôle principal d’un projet artistique et historiographique inédit mêlant expo, films, performances, concerts, lancé au Mucem, en lien avec le festival Actoral, par l’artiste Mohamed El Khatib. A Barcelone, on veut déjà décliner le projet avec des participants locaux, eux aussi témoins des transhumances estivales des Franco-Marocains, algériens et tunisiens. A Paris, le Palais de la Porte Dorée s’y intéresse de près. Le Mucem, lui, mobilisera son département de la recherche sur les matériaux collectés. La juste reconnaissance d’une histoire socioculturelle joyeuse et mélancolique, qu’on n’a pas fini de raconter.
Rituel païen
Pour l’occasion, les vestiges achetés à des particuliers ont été sapés et thématisés comme les différentes salles d’une discothèque pour la soirée de l’année. D