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Revolutionn'hair ?

Chez le coiffeur, des prix plus égalit’hair ?

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Afin d’éviter les stéréotypes discriminants et pratiquer des tarifs plus équitables entre les coupes masculines ou féminines, des coiffeurs appliquent des tarifs en fonction de la prestation plutôt que du genre de leur client.
Selon une étude de 2018, les hommes déboursaient 20,46 euros contre 30,07 euros pour les femmes, pour un forfait «shampoing, coupe et coiffage». (Ashkan Honarvar/Libération)
par Florian Bardou et collage Ashkan Honarvar
publié le 22 janvier 2022 à 8h44

«J’en avais ras la casquette de devoir payer plus cher parce que j’ai les cheveux courts, alors que me coiffer met autant de temps que pour un mec.» Sous les grésillements d’une tondeuse électrique, Caro, 28 ans, intermittente et à la coupe rasée sur les côtés, égrène ses griefs contre certains «salons des centres commerciaux», qu’elle fréquente au demeurant. «Je me sens même un peu jugée si je demande une coupe punk ou à la garçonne», poursuit-elle. C’est la troisième fois en un an, qu’elle vient chez Frange radicale, sur les hauteurs du XIXe arrondissement parisien. Dans ce salon de coiffure, ouvert en décembre 2020, aucun des tarifs affichés ne prend en compte le genre des clients, et les prestations sont facturées à la longueur de la coupe. Comptez 30 euros pour du court et 40 euros pour des cheveux longs. «On se demandait comment faire pour proposer une coupe courte accessible, parce qu’on n’a pas forcément une clientèle hyper riche, mais c’était impensable de faire un prix homme et un prix femme, explique Pierre Decker, 31 ans, co-gérant de cette entreprise coopérative avec Anouck Arramond et Léa Ruiz. C’est une aberration qui dépasse les coiffeurs pour des raisons structurelles : les prix pour les hommes sont tirés vers le bas, donc on fait payer le prix de la rentabilité aux femmes.»

«La longueur du cheveu qui détermine le prix»

Les trois associés de Frange Radicale ne sont pas les premiers à s’attaquer frontalement