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Discriminations capillaires : «Au Moyen Age, la chevelure rousse était associée à la prostitution et à la sorcellerie»

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Témoignages - Corps et beautédossier
Porteurs de cheveux roux, texturés ou locksés… ils font l’expérience des discriminations au quotidien et tentent d’apporter des solutions. Dans le premier épisode de notre série de témoignages, la créatrice de contenu TheGingerChloe, 29 ans, plaide pour une déconstruction des stéréotypes sur la rousseur.
«De la primaire au lycée, j’ai beaucoup souffert de ma couleur de cheveux.» (Montage Libération/Getty Images)
publié le 28 mars 2024 à 13h13

Une loi en projet

Se moquer des personnes rousses ou blondes, discriminer les coupes afros, contraindre une salariée à faire un brushing pour paraître «plus professionnelle»…, ces comportements pourraient être bientôt interdits. L’Assemblée nationale a en effet voté ce jeudi 28 mars, une proposition de loi contre la «discrimination capillaire». Le texte porté par le député Liot Olivier Serva, qui vise à mieux quantifier et sensibiliser sur les discriminations liées à la longueur, la couleur ou la texture des cheveux, est en route pour le Sénat. A cette occasion, «Libération» donne la parole à des personnes victimes de cette forme de discrimination.

«Je ne sais pas si on peut employer le mot « discrimination », mais les roux sont, en tout cas, sujets à du body shaming [humiliations et moqueries liées au corps d’une personne, ndlr]. L’an dernier, mon petit copain a montré une photo de moi à une de ses amies. La première réaction de la fille a été de lui dire : « Ah mais elle est rousse ta meuf ? ! Du coup est-ce qu’elle sent mauvais au niveau des parties intimes ? » Ce cruel préjugé négatif par rapport à un supposé manque d’hygiène a réveillé des traumatismes d’enfance. De la primaire au lycée, j’ai beaucoup souffert de ma couleur de cheveux. L’école était pour moi le lieu du harcèlement, des moqueries et des insultes. Avec le recul, je réalise aujourd’hui que beaucoup de ces préjugés ont traversé les époques. Au Moyen Age, déjà, la chevelure rousse était associée à la prostitution, au diable ou à la sorcellerie. Les personnes rousses pouvaient finir brûlées vives.

«De nos jours, le harcèlement lié à la couleur de cheveux pousse encore des jeunes au suicide. Collégienne, j’ai demandé à ma mère l’autorisation de faire une couleur chez le coiffeur pour passer inaperçue. Elle me l’a interdit et m’a aidée à faire un travail d’acceptation de soi. Ce qui m’a également aidée dans cette démarche, c’est d’avoir des modèles parmi les personnes rousses célèbres comme Ed Sheeran, le prince