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Libération
Reportage

Tatouage queer : «Pour moi, c’est d’abord esthétique. Mais c’est aussi assumer qui je suis et être visible»

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LGBT +dossier
Déambulation parmi tatoueurs et tatoués rassemblés lors d’une mini-convention samedi au «clubstaurant» A la folie du parc de la Villette, pour qui le «body art» est un moyen de s’affirmer lorsque l’on appartient à une minorité sexuelle.
Une œuvre du tatoueur reconnu dans la communauté LGBT+ Martin Sauvage, présent samedi lors du festival des cultures queers Bizarre. (Martin Sauvage)
publié le 18 octobre 2022 à 14h32

Le motif, un garçon en slip, le périnée présenté au plus offrant, est explicite. L’emplacement, juste au-dessous de la fesse gauche, lui, carrément suggestif, malgré le désir de relative discrétion d’Antoine. «Je viens d’une famille catho tradi, donc on va éviter de faire scandale», précise le trentenaire, salarié d’une banque. Le jeune homme, veste en fourrure, jeans clairs et un collier de perles autour du cou, avait déjà un bateau – il est passionné de voile – et une tête de cerf, gravés à l’encre noire sur ses deux avant-bras. Mais il voulait prêter sa peau aux aiguilles d’un tatoueur queer.

Alors le voici ce samedi après-midi de la mi-octobre, à l’occasion d’une mini-convention organisée à A la folie – un «clubstaurant», soit un lieu hybride entre bar, restaurant et club, du parc de la Villette dans le XIXe arrondissement –, dans le cadre du festival des cultures queers Bizarre, cuisses dénudées à la vue de tous en train de se faire tatouer parmi une poignée d’adeptes. Et de justifier : «Pour moi, c’est d’abord esthétique. Mais c’est aussi assumer qui je suis et être visible.» A l’œuvre, sous sa fesse, le tatoueur Martin Sauvage, 35 ans, est en effet connu du milieu (et sur Instagram) pour ses «garçons», dessinés avec des accessoires (jockst